Kateri Lemmens – Quand viendrait l’aurore…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Quand viendrait l’aurore, j’énumèrerais leurs traces muettes. Ravages, lampées, sarcophages. Ils effleurent, piétinent. Ils nous veillent. De l’autre côté du jardin et de la vie. Demain, on pourrait aller pêcher des abris de lumière des éclisses entrer dans les rapides remonter le ventre glacé. Il y aurait peut-être une source.

Un jour, on se dira tout et je serai plus vile au décompte. C’est pourtant une couleur, cette soif qu’on porte aux rivières.

Tu voulais me peler faire quelque chose avec mon danger. Tu voulais des cocottes de papier, une clé d’or, un objet décoratif, mais on part même sans peau à l’eau montante à mi-chemin entre la brûlure et la vérité.

Oui je suis apôtre du vent. Oui je me suis reconnue dans les soirs tempêtes. J’ai des affinités avec la beauté facile, avec le diable dans le tain des miroirs. Et les lanceurs de dés. Savoir me pose des questions dangereuses. Comment faire fondre la beauté à la taille d’un poing ? Comment mettre le ciel dans une petite boîte de plomb ?

Mais regarde-moi, Nathan. Je suis celle qui s’en va celle qui te quitte celle qui prend une bouffée de temps puis la recrache en nuages pourpres et rejoint la tempête.

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Kateri Lemmens (née en 1974 à Sherbrooke, Québec) – Passer l’hiver, à paraître au Noroît