Distinguant l'homme de l'animal, ce devoir est le fondement de tous les autres.
L'Humanité, dans la diversité de ses composantes, est un tout indivisible. Le devoir primordial des communautés et de leurs membres est de servir cette unité et son développement créateur.
Il exclut toutes les tyrannies et garantit tous les droits. Il exclut toute prétention à l'exclusivité et à la domination d'une croyance, d'une nation, d'un groupe comme d'un individu. L'humanisation de l'homme étant l'oeuvre des cultures de toutes les familles de la terre, tous nos devoirs s'ordonnent en fonction de cette universalité : toute action et toute pensée ne peut acquérir valeur humaine que si elle tend à donner à tout enfant, à toute femme, à tout homme, quelles que soient sa culture d'origine, sa foi ou son terroir natal, les moyens économiques, politiques, culturels ou spirituels de développer toutes les possibilités humaines, créatrices, qu'il porte en lui. Toute organisation sociale qui se veut humaine ne peut avoir d'autre but. Est ainsi abolie, comme négation tribale de l'unité humaine, la prétention de quiconque à s'autoproclamer « peuple élu». Il garantit la liberté d'expression à tout humanisme (c'est-à-dire à toute doctrine servant les intérêts de l'humanité comme un tout), comme la liberté d'expression, de foi ou de pratique à toute religion (c'est-à-dire à toute croyance attribuant une origine divine à cette unité) ; à toute aspiration nationale apportant la contribution de sa culture spécifique à la symphonie de cette unité mondiale ; à l'épanouissement, en tout individu (quel que soit son sexe, son origine, sa vocation) de toutes les possibilités créatrices qu'il porte en lui.
1 - L'humanité est une seule communauté, mais non par l'unité impériale de domination d'un État ou d'une culture. Cette unité est au contraire symphonique, c'est à dire riche de la participation de tous les peuples et de leur culture. 2 - Tous les devoirs de l'homme et des communautés auxquelles il participe découlent de sa contribution à cette unité : aucun groupement humain, professionnel, national, économique, culturel, religieux, ne peut avoir pour objet la défense d'intérêts ou de privilèges particuliers, mais la promotion de chaque homme et de tout homme, quel que soit son sexe, son origine sociale, ethnique ou religieuse, afin de donner à chacun la possibilité matérielle et spirituelle de déployer tous les pouvoirs créateurs qu'il porte en lui. 3 - La propriété, publique ou privée, n'a de légitimité que si elle est fondée sur le travail et concourt au développement de tous.La propriété implique le devoir de la faire fructifier au service de l'humanité entière, car cette richesse est l'oeuvre de la science et de la technique des hommes. Elle appartient donc, depuis des millénaires, aux générations qui ont créé aussi bien les espèces agricoles nouvelles que les techniques de l'industrie ou de l'échange, comme les sciences et les arts qui l'ont créée ou embellie. Celui qui en est, pour un temps, titulaire, à titre privé ou collectif, en est donc le gérant responsable. S'il n'accomplit pas ses devoirs, la communauté dont il est membre a, elle, le devoir de lui retirer cette charge et de la confier à un autre : personne ou communauté, consciente de ces obligations. Nul intérêt personnel, national, corporatif ou religieux, ne peut avoir pour fin la concurrence, la domination l'exploitation du travail d'un autre ou la perversion de ses loisirs 4 - Les devoirs envers la nature sont un cas particulier des devoirs envers la propriété ; ni des individus, ni des groupes ne peuvent s'arroger le privilège de l'épuiser, de la défigurer ou d'en détruire les richesses pour leurs jouissances particulières. La nature, telle que nous en héritons aujourd'hui, a été, pour la plus grande part, « humanisée » par le travail de multiples générations. Elle ne peut donc être considérée ni comme un réservoir illimité de richesses pour satisfaire nos appétits du moment, ni un dépotoir pour nos déchets : elle appartient non seulement aux milliards de morts qui l'ont fécondée, mais aux milliards aussi de ceux qui nesont pas encore nés, et nous avons le devoir de la transmettre plus féconde encore et plus belle que nous ne l'avons reçue, sans en hypothéquer l'avenir. 5 - Le pouvoir, à quelque niveau que ce soit, ne peut être exercé ou retiré que par le mandat de ceux qui s'engagent, par écrit, pour accéder à la citoyenneté, à observer ces devoirs. Les titulaires peuvent en être exclus par leurs pairs s'ils en dérogent. Il ne comporte aucun privilège mais seulement des devoirs et des exigences. Poursuivant le même but universel il ne peut s'opposer en rival à aucun autre pouvoir.
Tout homme ou toute
femme, à quelque niveau de pouvoir économique, politique, culturel ou spirituel
qu'il accède, a le devoir de s'interroger sur la finalité, c'est-à-dire
le sens et le but de son action : sert-elle à l'épanouissement de l'homme et de
tout homme, ou à sa dégradation et à sa destruction ? Qu'il s'agisse : -
d'entreprises de production (pour ne citer que celles qui procurent les plus grands profits : les armements et la drogue) ; -
ou de services qui bénéficient du plus grand pouvoir de manipulation des
esprits (tels que ceux de l'information par les médias, la publicité,
l'éducation, les religions ou les arts).
6 - Le savoir ne peut, en aucun domaine, avoir la
prétention de détenir la vérité absolue, car cet intégrisme intellectuel engendre
nécessairement l'inquisition et le totalitarisme.
La création étant le propre de l'homme elle ne peut être
aliénée ou remplacée par aucune machine, si sophistiquée soit elle, sans
déchoir en idolâtrie des moyens (qui exclurait tout fondement du devoir ).
7 - Le but de toute
institution publique
ne peut être que la Constitution d'une communauté véritable c'est
à dire, à l'inverse de l'individualisme, d'une association en
laquelle chaque participant a conscience d'être personnellement
responsable du destin de tous les autres.
8 - Les « droits »
de l'homme
découlent de ces devoirs et se
résument en un seul « droit » : nul ne doit rencontrer d'obstacles ou
de limites (qu'il s'agisse d'obstacles ou de discriminations économiques, politiques,
culturelles ou spirituelles) à l'accomplissement de ses devoirs à l'égard de la
communauté planétaire des hommes.
9- La liberté consiste à n'être pas
captif de ses intérêts propres ou des visées particulières de la communauté à
laquelle on appartient, et à agir seulement en vue de la promotion de tous les membres de la communauté planétaire.
Elle n'est pas l'attribut d'un individu (en grec atome,
c'est-à-dire particule séparée de tous les autres par un vide). Dans les
sociétés occidentales l'individu est
le centre et la mesure de toutes choses et séparé de tous les autres par la
barrière cadastrale de ses « droits ». Au contraire la personne prend
conscience de ses devoirs : être solidairement responsable du destin de tous
les autres.
10- La sécurité et la résistance
à toute oppression (qui ne peut venir que des individus et des groupes se refusant aux devoirs humains),
découlent de cette solidarité propre à ceux qui sont conscients de ces devoirs
: aucune force physique (l'histoire humaine en a donné des exemples par la désintégration
finale de tous les empires) ne peut triompher longuement d'une communauté unie
par la conscience commune de ces devoirs universellement humains.
11 - La
coordination universelle
de ses efforts de croissance de l'homme peut seule permettre de résoudre les problèmes de la faim
dans le monde et de l'immigration, comme du chômage forcé ou de l'oisiveté parasitaire, et de donner à chaque être
humain les moyens d'accomplir ses devoirs et d'exercer les droits que lui
confère cette responsabilité.
Elle exclut donc tout privilège de puissance, qu'il
s'agisse de Veto, de pressions militaires ou financières ou d'embargos économiques.
Il n'appartient qu'à la communauté mondiale - sans
différenciation numérique - de veiller à l'observance universelle de ces
devoirs.