Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 74, n°22, 1976. pp. 331-332 Article-source à lire en entier ici :https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1976_num_74_22_5889_t1_0331_0000_2 La personne et l'oeuvre de Roger Garaudy n'ont pas cessé de fasciner les uns et rebuter les autres. C'est que Garaudy représente, dans un sens, ce que l'homme de notre siècle a été appelé à expérimenter et à vivre : il intéresse par son activité comme marxiste venu du christianisme, comme militant communiste, comme député, comme voyageur aux quatre coins du monde rencontrant différents personnages de la scène politique ou de hautes personnalités du savoir; et aussi par son oeuvre sociologique et surtout philosophique. Serge Perottino nous propose une étude de cette philosophie, de son début jusqu'à 1968. Il s'efforce de montrer comment le comportement concret de Garaudy en est la réalisation conséquente. La philosophie de R. Garaudy est régie par deux principes fondamentaux : la subjectivité et la transcendance. C'est-à-dire, pour notre philosophe, c'est l'homme qui est l'acteur de l'histoire. Mais cet homme n'est pas une entité figée. Pour que l'homme soit vraiment lui-même, il faut que son initiative soit une création continue de son histoire. Dans ce sens, aucun système, même le plus révolutionnaire, ne peut l'empêcher de prendre le risque de vivre consciemment et d'assumer sa responsabilité historique. Mais l'homme ne peut être une subjectivité vraie qu'à condition de pouvoir dépasser ce qu'il est, de devenir transcendance. La subjectivité exige l'ouverture, le dialogue et le courage de faire marche arrière pour reprendre son chemin. La transcendance renvoie, de son côté, à la subjectivité, car l'homme n'est transcendance qu'à condition de se vouloir création consciente du réel. Bien sûr, on se trouve devant une philosophie qui s'inspire consciemment du marxisme. Roger Garaudy a toujours cru que le marxisme est la meilleure manière d'approcher la réalité et l'histoire. Toutefois, il se défend de reproduire tout simplement le schéma marxiste. C'est pour cette raison qu'on ne devrait pas s'étonner, une fois qu'on a saisi le double aspect de cette philosophie, si le chemin parcouru par R. Garaudy est plein d'enseignements.
John L. Borg