La parole de Claire Le Michel est née d'un jardin, celui de son grand-père, en banlieue parisienne. Et c’est au moment de sa disparition qu’elle semble en prendre conscience en réalisant une exposition et en publiant, un peu plus tard, Je suis le fils de la femelle du kiwi, l’arbre planté par ce grand-père dans un jardin où il avait réuni le monde végétal. C’est là qu’on entend le chant de l’oiseau, l’oiseau migrateur, que Louise, personnage d’un autre texte, verra se poser sur le banc d’un parc où, chaque jour, un homme vient s’assoir. Claire, alors, part. Elle va en Inde, une fois, puis d’autres fois. L’important c’est toujours ces rencontres, des humains, des animaux, des arbres et autres végétaux ; il n’y a pas d’ordre hiérarchique entre ces espèces, mais il y a des ombres, inconnues ou familières, qui les unissent. Elle saisit les instants, les photographie, y pose ses mots, en français ou en anglais.
Plus tard, quand les unes et les autres sont parti.e.s, m’est venue cette citation d’Erri de Luca : « Les souvenirs appartiennent au règne des oiseaux, ils laissent une plume quand ils s'en vont. Grâce à elle on sait à quelle espèce ils appartiennent. »