le pouvoir des mots
titille les puissants
je brandis la plume
comme d'autres le fusil
puisse la poésie
renverser l'ordre établi
Ce recueil d'Un homme libre commence très fort avec ce poème, qui montre que le poète est bien vivant même s'il est désenchanté par le monde que, bien obligé, il observe en éternel spectateur
Ce désenchantement ne l'empêche pas de persévérer à être un
chercheur d'étoiles
dans un ciel obscur
Les étoiles, peut-être les trouve-t-il dans
l'art
un chaos dont naîtrait
le vivant
Peut-être lui faut-il, par exemple, s'abriter de la noirceur du monde,
les yeux posés
sur une peinture
de Brueghel l'Ancien
et connaître l'apaisement
par la douceur du trait
caressant l'âme
ou écrire:
les mots restent
à l'intérieur
les mots
m'éclairent
ou, raviver sa mémoire:
des souvenirs qui m'habitent
vifs pourtant
et qui me gardent
vivant
Il vit à l'écart, bien involontairement (tout est figé dans son corps, mais rien ne l'est dans sa tête), alors que faire?
observer
l'invisible dans ce qui est dit
le peu de mots
parfois
suffit
ou, mieux,
recevoir la beauté
une pluie de soleil en pleine face
la ligne de pierres d'une cathédrale
les mots libres d'un poème
l'éclat des couleurs
d'un tableau de Van Gogh
nourriture de l'âme
et rien d'autre
Et, puis, il y a les livres,
chaque livre qui naît
est une victoire
Il sait aussi que
l'âme seule va de l'avant
et que le salut, pour échapper à son destin, c'est
sortir
chercher plus loin
au-dedans de soi
Francis Richard
Un homme libre, Francis Amoos, 108 pages, éditions d'autre part