Watchmen (2019) // Saison 1. Episode 1. It’s Summer and We’re Running Out of Ice.
Damon Lindelof est quelqu’un que l’on aime détester. C’est en tout cas ce qui ressort sovuent. Pourtant, c’est lui qui a tenu de main de fer les dernières saisons de Lost, c’est lui qui a créé pour HBO l’une des plus belles séries de ces dernières années (The Leftovers) alors pourquoi ne pas faire confiance au fan de Watchmen qu’il est quand il a décidé d’adapter les fameux comics ?
Je ne peux pas vraiment juger de ce point de vue là étant donné que la seule chose de Watchmen que je connais est le film raté de 2009. Mais en entrant dans Watchmen version HBO, j’avais envie de comprendre ce que Damon Lindelof pouvait faire de cet univers si riche. Et franchement, vous savez quoi ? On a probablement ici l’une des meilleures séries de l’année. Ce qui transpire tout au long de ce premier épisode c’est que Lindelof croit en Watchmen comme n’importe quel fan car tout est travaillé de façon minutieuse du début à la fin de ce premier épisode. Sans parler du fait qu’il a décidé d’adapter Watchmen au présent, dans un monde qui n’est pas si loin que ça de celui dans lequel nous vivons.
Tulsa, Oklahoma, de nos jours. Il y a 3 ans de cela, un groupe de suprématistes blancs appelés «La septième Cavalerie» s’est attaqué à tous les policiers de la ville ainsi qu’à leurs familles. Afin de protéger leur identité depuis cette attaque poétiquement surnommée «La Nuit Blanche» les policiers portent désormais un bandana jaune afin de conserver leur anonymat. Profondément marqués par cette nuit tragique, Angela Abar et le chef de la police de Tulsa, Judd Crawford, décident d’enquêter de concert sur ce groupuscule et ses adeptes.
Je dirais que Watchmen apparaît aussi un peu au bon moment, surtout avec des mouvements comme Black Lives Matter en mettant en scène des suprémacistes qui tuent des afro-américains sans vergogne. Mais le propos va bien évidemment au delà de tout ça.
Ce premier épisode s’ouvre donc en 1921 lors de l’explosion de Black Wall Street à Tulsa. Ce massacre reste encore gravé dans la culture américaine comme un moment terrifiant de l’histoire du pays. Et Watchmen décide de prendre ce point de départ pour raconter une histoire qui vient démontrer qu’au fond, le monde actuel n’a pas vraiment changé. Ce massacre à l’époque avait été ignoré par la presse, en grande partie à cause des membres du KKK et de citoyens qui ont aidé à financer ce massacre. Si cette introduction est donc symbole d’une grande injustice, la série décide par la suite de nous parler de justice. Nous sommes dans le présent et nous avons comme Président … Robert Redford. Comme dans les comics. Et d’ailleurs, l’acteur jouera sa version fictive dans la série.
Plutôt que de jouer avec les sempiternelles histoires avec les russes, Watchmen décide donc en 2019 de raconter une histoire dont l’ennemi vient de l’intérieur du pays. Et surtout, l’histoire est plus psychologique car le racisme est quelque chose d’ancré dans la tête des gens, pas vraiment que dans celle de certains vilains. L’arrivée de Ragina King dans l’épisode est un autre grand moment, sous les traits d’Angela Abar. Que cela soit son costume ou encore sa façon d’être, tout est parfait. Elle apporte une touche féminine intéressante à la série qui donne envie de la suivre.
L’une des choses les plus intéressantes dans ce premier épisode est la façon dont la série gère ses dialogues. On a l’impression d’avoir des personnages de film noir parmi les policiers, tout cela permettant bien entendu de creuser un peu plus l’archétype du héros américain comme il existe à l’écran. Le premier épisode d’une série doit faire deux choses : dans un premier temps construire et établir un univers dans lequel les spectateurs peuvent être pris directement et poser des questions suffisamment intrigantes pour donner l’envie de revenir pour la prochaine aventure. Watchmen fait ici tout ça et j’ai maintenant hâte de voir la suite.
Note : 9.5/10. En bref, je n’ai rien à redire tant j’ai aimé ce premier épisode.