Pour son onzième roman, Karine Tuil s’est inspirée de l’affaire « Stanford », où une jeune femme a été victime d’un viol sur le campus de l’université américaine en 2016.
J’ai particulièrement apprécié la première partie du roman, qui dresse le portrait des différents protagonistes. Pendant près de 150 pages, l’auteure distille la psychologie de ses personnages, explore leurs failles et expose avec brio la face sombre de l’élite intellectuelle française. Grattant sous le vernis de ceux qui se nourrissent de gloire, elle nous emmène progressivement vers le drame qui fait basculer le roman et la vie des protagonistes : un viol !
J’ai été un peu moins fan de cette seconde moitié du récit, car la machine judiciaire qui se met en route invite surtout à revivre la scène de viol à travers les différents plaidoyers et témoignages. Outre l’aspect légèrement redondant de cette approche, le lecteur endosse également un rôle de spectateur, délaissant quelque peu la proximité qu’il avait construite avec les personnages. Démontant le mécanisme de l’agression sexuelle, Karine Tuil plonge le lecteur dans la zone grise du consentement, au milieu de deux vies détruites, celle de l’accusé et celle de la victime. Du sexe en tant qu’instrument de pouvoir au lynchage médiatique, l’auteure invite à réfléchir sur ce thème d’actualité mis en avant par le mouvement #MeToo et sur l’ambiguïté de cette frontière à ne pas franchir…
Les choses humaines, Karine Tuil, Éditions Gallimard, 352 p., 21€
Ils en parlent également : Maeve, Nath, Christine, Céline, Entre les lignes, Vagabondageautourdesoi, Mélie et les livres, Au fil des livres, Plumes et pages, Ma collection de livres, Mes p’tits lus, Ffloladilettante, Cunéipage, Tours et culture, Le petit poucet des mots, Je me livre, Le dit des mots, Ca va mieux en l’écrivant, Mots pour mots, Pamolico, Coquecigrues et ima-nu-ages, Lose yourself in a book, Franck’s books, Moonpalaace, Girl kissed by fire, Bookshionista
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