J'ai la fâcheuse impression que les Conservateurs vont entrer fort au parlement canadien à partir de cette nuit.
Trois provinces leur sont vouées quand même: la malsaine Alberta, le Manitoba et la Saskatchewan. L'Atlantique, peu en parle, a opéré un certain virage conservateur depuis un à deux ans. Aux dernières élections, c'était 32 comtés sur 32 qui étaient passés au rouge Libéral. Mais pour l'Atlantique, la lune de miel est finie depuis longtemps. Discutent-on de logement, de chômage ou des aînés dans cette campagne? Ce sont trois enjeux majeurs pour l'Atlantique qui ne se sent, à juste titre, pas écoutée du tout. Et si l'Atlantique devenait principalement conservatrice?
Et dans la région de Québec et dans le 418 en général, il est toujours étonnant de resouligner le vent conservateur lourd et persistant chez ces girouettes. On dirait parfois qu'on choisit de voter pour la plus "cute" sur la pancarte. J'essaie encore de m'expliquer Josée Verner depuis 13 ans. Sinon que le club de l'âge d'or, section mâle, de Québec y voyait une femme qu'ils voulaient voir souvent à la télé?
La Colombie Britannique est aussi un point d'interrogation. Le pipeline y est moins digéré que partout ailleurs. Même moins digéré qu'au Québec. Et l'amertume envers le traitement d'une vedette locale comme Judy Wilson-Raybould par la lâcheté libérale et l'aplatventrisme capitaliste fera des comtés perdants pour les Libéraux là-bas. Assurément. Ça fait 3 provinces sur 10 fort possiblement conservatrices, et 4 autres et demi qui pourraient tanguer dans cette direction. Ça fait tu 7 provinces et demi sur 10 provinces et 3 territoires pas mal conservatrices?
Ouch! Je ne veux pas me réveiller avec ce très sérieux cauchemar demain matin!
Ça prendra 170 sièges pour une majorité.
Ça élimine tout de suite 3 partis: Les Verts, le Bloc et le Parti Populaire.
Reste les Libéraux, les (très) CONServateurs et le NPD.
La perspective d'un gouvernement minoritaire pour les Libéraux est très probable.
Est-ce une si mauvaise chose? L'obligation de coalition pourrait aussi être une bien. Pourrait forcer quiconque prend le pouvoir à être perpétuellement à l'écoute des autres points de vue. Ce qui est fort démocratique et plein de vertus, surtout avec la complexe réalité qui s'offre de nos jours à nous, c'est-à-dire, les nouvelles urgences par rapport aux anxiétés climatiques, les accélérations de développement en intelligence artificielle qui changent de paradigmes menaçant (ou pas) une nouvelle révolution industrielle , avec les déséquilibres politiques internationaux et les inquiétudes face aux types de leaders douteux, dans les pays de l'Europe de l'Est, au Brésil, en Italie, aux Phillipines, au Moyen-Orient, dans plusieurs pays d'Afrique du Nord et même ici en bas, aux États-Désunis, les migrants ont plusieurs raisons légitimes de se pointer par ici. Ne serait-il pas utile d'avoir un gouvernement à plusieurs voix et non un simple allié des Arabes et des Juifs?
Les gouvernements minoritaires durent en moyenne 18 mois avant de tomber. Les gouvernements de coalition sont plus rares encore. Le dernier ayant "fonctionné" était celui de Robert Borden (la face sur nos 100$) en 1917 et c'était des circonstances exceptionnelles (la crise de la conscription). Ça n'avait vraiment pas duré. Jean-François Lisée, pas chef mais sous Pauline Marois, qui avait gagné, mais restait minoritaire, avait proposé une coalition mais Marois avait refusé. Il y a aussi eu 1926. Mais bien que l'histoire soit croustillante, il n'y a pas eu d'associations au final. Juste des placements variés sur le damier des échiquiers.
Notre société ne vit pas moins ni plus de problèmes que les sociétés antérieures canadiennes, mais le cynisme ne pourra pas toujours sévir comme il le fait en ce moment, et bientôt, on, le peuple, exigera une diversité au pouvoir qui ne se limitera plus à 3 ou 6 personnalités, mais à un éventail de gens, de partout et de toutes les couleurs. Au sens propre comme figuré.
La culture politique actuelle ne favorise pas ce type de raisonnement, mais une coalition, ou une minorité forcée de consulter "ses ennemis" serait à mon avis une manière de trouver des idées originales, issues de partout, pour faire face à des problèmes de plus en plus complexes dans ce monde qui va toujours plus vite. Et qui reste si lent à la fois.
Ça ne viendra pas d'en haut. Ça viendra des électeurs.
C'est la beauté de la démocratie.
Ça fait
On pense à des nouvelles façons de voter. Deux fois, on a gagné ses élections (Trudeau au Canada, Legault au Québec) avec la promesse de changer le mode de scrutin à un tour britannique pour la proportionnelle. Les deux fois en reculant en constatant, le parti au pouvoir, qu'il y perdrait au change. Legault devenant le dindon de la farce en disant "je ne ferai pas mon Justin Trudeau sur ce sujet!" pour faire EXACTEMENT ce que Justin Trudeau a fait, reculer sur l'idée (après réforme le parti de Legault aurait été minoritaire).
La diversité change la culture.
On pourrait se la souhaiter en politique d'ici.
Dès ce soir
Avant la campagne, un feu sommeillait en moi pour mon vote. On a fait qu'y placer des bûches depuis. En rien mon idée n'a changé.
Devant l'offre politique actuelle.
Je voterai pour la diversité.
Pour notre unicité.
Pour le pays qui loge dans mon coeur.
Et pas ailleurs.