Juan Luis Ruiz de la
Pena, Muerte y marxismo humanista. Aproximaciôn teolôgica (Agora). Salamanque,
Ed. Sigueme, 1978.
Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, tome 78, n°39, 1980. pp. 460-461
Article source: https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1980_num_78_39_6102_t1_0460_0000_2
Il s'agit, à partir
d'une anthropologie philosophique ou de ce que Adam Schaff appelle la
philosophie de l'homme, de reconnaître et de défendre, en unissant thèses chrétiennes
et marxistes, le concept d'humanisme contre les tendances déshumanisantes, donc
antihumanistes, qui se font jour actuellement, spécialement dans le rationalisme
scientifique. L' (auteur). croit à la rencontre de ces thèses qui expriment des
préoccupations, des convictions communes. Le point de départ est le fait de la
mort que ne peut escamoter aucune anthropologie. Certes, la mort pose à l'homme
des questions troublantes et l'affecte même d'un coefficient de finitude,
c'est-à-dire de nullité ontologique. Ni Prométhée, ni Titan ne peuvent éluder
sa fatale nécessité. Plus profondément: la finitude de l'homme ne prouve-t-elle
pas la fin à venir de l'humanité? Le jeune Marx pose nettement le problème: «La
mort apparaît comme une dure victoire de l'espèce sur l'individu et paraît
contredire l'unité de l'espèce; mais
l'individu déterminé est seulement un être générique déterminé et, comme tel,
mortel».
Afin d'étayer sa
recherche, l'(auteur) se réfère à Roger Garaudy, c'est-à-dire à une théorie
marxiste de la subjectivité. A une espérance sans Dieu répond ainsi un
humanisme qui accepte une certaine transcendance de la personne; à la mort de
l'homme, s'oppose la résurrection de l'humain qui permet le choix et le risque
de créer. Le sens de la vie devient une intégration dans la totalité par
l'amour. Cependant, il reste difficile de définir la mort: continuité
biologique ? rationalisation de la vie? A l'intérieur d'une anthropologie à laquelle
des penseurs comme Ernst Bloch, Kolakovski,
Schaff et Garaudy donnent une coloration religieuse, l'humanisme marxiste récupère
les notions de sujet et de transcendance, de vie et de mort. L'(auteur) lui
oppose la réponse chrétienne : la résurrection du Christ apportant la réponse
de Dieu à la mort de l'homme. Alors le mystère de la mort devient le mystère même
de la personne, celui-ci étant le mystère de la transcendance divine. Demeure
la vraie question: le marxisme peut-il accepter cette conclusion, et plus généralement,
l'humanisme n'est-il pas le contrepied absolu de toute religion révélée? L'espérance
fondée sur un néant est-elle encore une espérance?
André Reix
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