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Poèmes de Norge

Publié le 20 octobre 2019 par Adtraviata

Cette semaine en Belgique francophone, du 16 au 20 octobre, on fête La Fureur de lire dans tous les lieux où aime lire et où on a envie de faire aimer la lecture. A cette occasion, chaque année, la Fédération Wallonie-Bruxelles édite des plaquettes de nouvelles et aussi de poèmes, et cette année une des plaquettes est consacrée au poète Geo Norge.

« Le poète Geo Norge, pseudonyme de Georges Mogin, (1898-1990) est un poète belge francophone. Son parcours poétique débute dans l’avant-garde mais il s’en détache et développe un style poétique souvent qualifié d’inclassable. Sa poésie se complaît dans de diverses formes: poèmes-récits longs, virelangues, micro-fables, vers réguliers et versets, entre autres. Derrière un langage poétique d’apparence simple, quasi enfantin, sa poésie pose des questions métaphysiques. De ce fait, ses poèmes oscillent entre le plus petit détail terrestre et la plus grande soif d’absolu. Ses poèmes sont chantés par Jeanne Moreau sur des musiques de Philippe Gérard. » (Source : Les voix de la poésie)

Voici donc deux poèmes de Norge.

Monsieur

Je vous dis de m’aider,
Monsieur est lourd.
Je vous dis de crier,
Monsieur est sourd.
Je vous dis d’expliquer,
Monsieur est bête.
Je vous dis d’embarquer,
Monsieur regrette.
Je vous dis de l’aimer,
Monsieur est vieux.
Je vous dis de prier,
Monsieur est Dieu.
Éteignez la lumière,
Monsieur s’endort.
Je vous dis de vous taire,
Monsieur est mort.

Famines, 1950

D’enfance

Dieu, qu’elle était belle
Nue à la chandelle,
Ma sœur !
Elle attendait son
Aimable garçon-
Brasseur.

Dieu, qu’elle était nue,
Rosement charnue,
Adèle,
Au moment hélas
Qu’elle soufflait la
Chandelle.

Ténèbres bien faites
Pour ces longues fêtes
Et pour
Ces luttes, ces rages,
Ces fleuves, ces nages,
D’amour !

Je n’ai su jamais
Comment ils s’aimaient,
Ô drames !
La vie et la mort
Faisaient un seul corps
En flammes.

Jamais plus au monde
Je n’écoute rien,
Rien comme
Ces cris de ma blonde
Sœur et du vaurien,
Son homme.

Derrière la porte,
Le ciel commençait,
Torride !
Mon âme, sois forte,
Tout, sauf  l’amour, c’est
Le vide.

Poèmes 1923-1988, Gallimard/Poésie


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