Alors que Newland Archer s'apprête à se marier avec la sage May Welland, il rencontre la cousine de May, la comtesse Olenska, qui désire divorcer, ce que le clan familial et social des années 1880 refuse d'accepter. Face à cette jeune femme libre et sincère aux goûts artistiques et esthétiques affirmés, Newland est désarçonné et conquis malgré lui. Mais dans cette société pétrie de convenances, dans ce monde de principes dans lequel l'individu se heurte à la société, n'est pas libre qui veut.
La peinture acerbe du milieu américain de l'époque met en valeur l'aliénation du milieu social, une émancipation impossible. En ce sens, ce roman ne peut être que celui de la perte, et chaque personnage est voué à la frustration d'une passion inassouvie. Plus profondément, le véritable moi se trouve rapidement perdu dans la forme imprimée par la tradition et l'éducation, au point que l'identité même de l'individu disparaît, lissée, modelée par le milieu.
Par sa construction implacable, sa parfaite maitrise de la psychologie, et sa peinture sans concessions de la haute société new-yorkaise de cette fin du XIXème, L'âge de l'innocence est un grand roman qui bénéficie aujourd'hui d'une nouvelle traduction parfaitement maîtrisée.
Merci à Babélio pour cette belle découverte !