[Critique] Midsommar

Par Wolvy128 @Wolvy128

Dani (Florence Pugh) et Christian (Jack Reynor) sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé. Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante.

Révélé par l’étonnant Hérédité l’année dernière, Ari Aster remet le couvert cette année avec Midsommar, un long-métrage abordant à nouveau le genre horrifique sous un angle plutôt novateur, ou tout du moins surprenant. Ainsi, au-delà du fond du film, dont le propos en sous-texte s’avère particulièrement riche, c’est principalement la forme qui interpelle ici. A l’exception de quelques plans, l’image se veut en effet incroyablement solaire, saisissant la beauté dans ce qu’elle a de plus naturel. Alors certes, l’horreur au cinéma ne se résume pas aux ténèbres et à la laideur, mais autant de lumière et de couleurs dans une œuvre d’épouvante a de quoi déconcerter (dans le bon sens du terme). De manière générale, il faut d’ailleurs saluer la maîtrise avec laquelle le réalisateur américain met en scène son histoire, l’esthétique radieuse de son approche graphique accompagnant avec efficacité la mystérieuse intrigue. Une intrigue qui, si elle n’est définitivement pas vaine dans ce qu’elle tente de raconter à travers sa symbolique, peine néanmoins à passionner durant près de 2h30. Comme Hérédité, Midsommar bascule effectivement dans une dimension totalement bancale, qui frise parfois le ridicule, dès lors que les personnages s’abandonnent, pour le bon fonctionnement du scénario, à des actions complètement incohérentes.

Et pourtant, l’idée de confronter la perception de jeunes étudiants en anthropologie avec celle d’une communauté reculée de Suède est plutôt ingénieuse afin de mettre en lumière l’importance de la notion culturelle dans la construction psychologique. Selon son vécu, avec tout ce que cela implique en termes d’expériences, d’apprentissages et de découvertes, une même situation peut ainsi apparaître successivement atroce ou sublime. Cette question est d’ailleurs au centre du parcours de l’héroïne, formidable Florence Pugh, qui peut finalement être vu comme un rite de passage lui permettant de surmonter son deuil. Au contact de l’étrange communauté, la jeune femme quitte en effet progressivement son référentiel chrétien (qui l’empêchait de soulager sa douleur) pour un référentiel païen (qui lui permettra de la sublimer). Une seconde lecture qui confère indéniablement au scénario une richesse intéressante mais qui ne suffit malheureusement pas à rendre l’ensemble transcendant. Malgré tous les bienfaits que cette approche semble susciter chez les personnes qui y adhèrent, il n’empêche que, d’un point de vue strictement factuel, les actes commis sont cruels, barbares et tout simplement punissables. Difficile donc d’éprouver un sentiment de libération et de catharsis similaire à celui ressenti par Dani à l’issue du visionnage.

Toujours aussi à l’aise pour aborder le genre horrifique sous un angle novateur, Ari Aster livre donc, avec Midsommar, une nouvelle œuvre unique en son genre, mais aussi terriblement bancale. Si l’approche formelle lumineuse et la performance habitée de Florence Pugh confèrent au film une vraie valeur ajoutée, le scénario sur fond de paganisme frise en revanche souvent le ridicule.