Nabil n’est ni un ange ni un enfant de cœur, bien au contraire, et c’est justement pour cela qu’il faut voter pour lui !
Pour qui les tunisiens ont-ils votés ?
Pour les deux extrêmes du paysage politique, et encore l’un des deux n’était même pas dans le paysage politique.
Le premier, homme d’affaires véreux paraît-il, est le pur produit du système :
il est fils de pub, comme dirait Séguéla, fils de Com, c’est-à-dire communication, mais aussi commercial.
On lui prête aussi d’avoir organisé la rencontre entre les deux vieux !
On le dit machiavélique !
Un malheureux accident de la circulation lui a enlevé son fils il y a quelques années.
À ce genre d’accident, les gens réagissent différemment.
La réaction de Nabil a été positive : il s’est investi dans le social !
Certains disent et diront que c’est de la basse récupération ! Voire !
Toujours est-il que grâce à l’association qui porte le nom de son défunt fils, lui-même et son entourage ont sillonné le pays allant à la rencontre de sa population la plus délaissée. Une population faite de personnes isolées vulnérables et laissées-pour-compte car trop éparses et dans certains cas inaccessibles.
Des gens qui n’ont jamais vu de responsables autres que leur omda ou tout au plus le délégué de la région.
Pourtant, Nabil et son association sont allés jusqu’à ces gens-là !
Et quoiqu’on en dise, il n’a pas fait que distribuer des paquets de pâtes et de tomates :
il a fait réparer des maisons
il a distribué du mobilier
il a distribué des chaises roulantes
il a distribué des lits médicalisés
il a fait procéder à des interventions chirurgicales en coordination avec l’organisation mondiale de la santé
Tout ne venait pas de sa poche, loin s’en faut : il a fait appel à toutes les bonnes volontés, et il n’a jamais cessé de le répéter et tant mieux !
Et en face, qu’est-ce que nous avons ?
Un professeur de droit, ce qui n’est pas pour déplaire !
Il parle un arabe livresque sur un ton monocorde qui fait que au départ on est amusé, mais après on se demande à qui l’on a affaire !
Le maître, comme se plaisent beaucoup à l’appeler, n’affiche aucun programme, aucune ambition, il se contente d’être, d’apparaître de temps en temps et de laisser les autres parlers pour lui !
Lui bien sûr, n’a rien sollicité, bien au contraire, il a été sollicité.
Mais est-ce suffisant ?
Le peuple tunisien était complètement aux abois, il ne savait plus à quel saint se vouer :
Ce qui composait son paysage politique lui était devenu insupportable. Même ceux dont on espérait un changement commandé par la piété l’ont déçu !
D’où son report sur les deux extrêmes :
Celui qui travaillait terre-à-terre au ras des pâquerettes, et celui qui vivait tout là-haut dans sa tour d’ivoire et qui promettait quand il voulait bien parler qu’il transformerait tout en une cité idéale, une utopie quoi !
N’avons-nous donc pas donné suffisamment de crédit aux utopies !
Le maître n’a ni programme ni ambition, l’homme d’affaires a démontré qu’il savait aller à la rencontre des gens dont tout le séparait !
Il est ambitieux ?
Il est machiavélique ?
Il est donc rusé et intelligent !
Pourquoi le peuple tunisien se priverait-il de la ruse et de l’intelligence d’un de ses fils s’il peut les mettre à son propre profit ?
Je ne dis pas donnons-lui une chance, mais je dis donnons-nous une chance d’utiliser cette ambition !
Nabil a goûté aux joies du bain de foule, de la liesse populaire de celui qui va à la rencontre de l’autre surtout s’il est pauvre et démuni !
Il s’est inoculé le virus qui fait qu’il pourra mettre la promotion de son pays au service de son ambition !
Votons Nabil !