1. Les élections auront donné une mauvaise image de marque à la Tunisie, à sa classe politique et bien sûr à tous les tunisiens. Et nous nous tromperions lourdement, si nous croyions que cette dégradation de notre image,n’aura aucun effet sur notre vie à tous. D’ores et déjà certains médias occidentaux ne se sont pas privés de questions , par exemple, comment nos compatriotes vivant en démocratie en Occident, se sont décidés à n’élire que des islamistes et à ne vouloir exclusivement que du règne des wahhabites pour leur pays d’origine..Nous sommes depuis un certain temps déjà un pays sous surveillance. Que nos compatriotes émigrés sur toute la planète deviennent peu ou prou des sujets de soupçon indifférencié en tant que radicalisés ou sympathisants des sectes terroristes de l’islam politique est un pas que beaucoup n’hésiteront pas à franchir. Avec des conséquences sur la vie de ceux qui sont restés au pays, ou qui souhaitent le quitter pour une vie meilleure.
2. Or les observateurs étrangers ignorent pour la plupart, combien ces élections ont été truquées, en faveur précisément des islamistes. Ces élections qu’elles soient législatives ou présidentielles auront démontré jusqu’à quel point la tricherie, le bourrage des urnes peuvent être pratiquées sans vergogne par Ennahdha et ses partisans. Ainsi, ce parti s’est vu attribuer la totalité des sièges de députés tunisiens à l’étranger :12 députés. Ce chiffre est tout simplement absurde et ne s’explique nullement par la dispersion des votes pour les autres candidatures. Il n’empêche que ce sont ces douze députés qui donnent un pouvoir décisif à ce parti pour gouverner, en tant que premier parti. Ce genre de résultats contrairement à ce que certains observateurs extérieurs pensent, ne reflète aucune réalité, si ce n’est celle d’une immense tricherie et de non respect des règles d’une véritable élection. Il est facile, en effet, de démontrer que la liste des résidents à l’étranger et enregistrés comme tels dans les divers consulats, ont été au préalable « nettoyées », en bonne partie, avec des « rapatriements massifs » de milliers de votants potentiels vers des adresses dans le pays natal. Et par ailleurs, il est facile de démontrer qu’un certain nombre de candidats d’Ennahdha qui ont été élus, ne résidaient pas habituellement, là où ils ont été élus.
3. toutes ces défaillances doivent être imputées d’abord et avant tout à L’ISIE, l’instance qui surveille et régule la bonne tenue des élections et l’authenticité des résultats, par rapport au corps électoral. Comment et pourquoi ces listes ont été manipulées reste ainsi un problème sérieux à poser publiquement ou judiciairement, et surtout à résoudre, même si Ennahdha avec sa nouvelle emprise sur le pays fera tout pour l’empêcher, tout comme elle a bloqué, entre autres, la création de la Cour Constitutionnelle, depuis cinq ans.
4. Une des possibilités de ces manipulations réside très probablement dans la base de données des cartes nationales d’identité, des numéros et des données personnelles qui y sont incluses. Nous avons pu observer déjà que ces bases de données ne sont plus un secret pour beaucoup, puisqu’elles ont été utilisées frauduleusement lors des candidatures pour la présidentielle, pour constituer la masse des soutiens à chaque candidat. D’où leur venaient ces listes de noms et numéros de CNI ? Une autre question se pose ensuite : Les manipulations des listes de votants à l’étranger, ont elles été le fait de la structure consulaire elle même, ou d’autres organismes qui peuvent y accéder de droit ? Et lesquels ? C’est ce genre d’enquête qu’il est nécessaire de mener pour que ce genre de fraude indirecte ne se reproduise pas. Ainsi pour la crédibilité future de l’ISIE et l’image de marque de tout le pays, il importe que la proclamation des résultats quels qu’ils soient, se poursuive d’enquêtes transparentes à ce sujet et que les partis qui ont été élus présentent des requêtes dans ce sens à la justice. C’est aussi le devoir de la société civile tunisienne qui ne doit pas arrêter sa pression pour que les droits et l’égalité des chances soient respectés. Et cela ne saurait être renvoyé pour plus tard ou aux approches des prochaines élections. On ne guérit pas des maladies que l’on n’a pas diagnostiquées. Voilà ce que l’on peut et ce que l’on devrait faire pour améliorer l’image de marque du pays et de son peuple. Moncef Bouchrara. 10 octobre 2019.