Exposition « Récits invisibles » Centre d’art Chapelle St Jacques

Publié le 11 octobre 2019 par Philippe Cadu

Du 19 octobre 2019 au 1 février 2020 - Vernissage Samedi 19 octobre à 19h

www.lachapelle-saint-jacques.com

Dans le contexte hypermédiatique actuel, les conditions de manifestation et d'enregistrement du réel sont fréquemment explorées par les artistes. Les oeuvres photographiques ou vidéographiques réunies dans cette exposition cherchent à documenter le visible mais, paradoxalement, refusent ou ne parviennent pas à en donner une représentation immédiatement lisible.

Les artistes proposent d'explorer le potentiel narratif d'images peu explicites au premier abord.
Les oeuvres de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige et de David Fathi, obtenues par excès ou manque de lumière, offrent une représentation d'une histoire sur le point de disparaître ou déjà disparue. Le caractère d'abord défaillant de leurs images cède peu à peu place à un ambivalent jeu de dissimulation et de révélation.

Ces oeuvres ont aussi en commun de confronter le spectateur à des événements appartenant à la fois à l'Histoire et à des récits personnels. De leur côté, les images de Bettina Samson et de Susan Schuppli tentent de rendre visible des phénomènes vivants, chimiques ou biologiques.

Avec un travail parfois proche de l'enquête, Elsa Mazeau, quant à elle, se demande quel récit livrer par l'image de l'espace social, des expériences des individus qui habitent un territoire.

Cette pièce est produite pour l'exposition, tout comme celle de Sylvain Couzinet-Jacques qui propose par une installation sonore de penser les rapports de pouvoir liés à la médiatisation par les Occidentaux de cultures non-occidentales.

Dans le travail de tous ces artistes, les changements d'échelle, l'opacité première des oeuvres, la tension entre subjectivité assumée et objectivité présumée viennent souligner la difficulté à documenter le réel.

Ces démarches donnent apparemment à voir un manque, une désaturation, un désencombrement temporaire dans le flux incessant des images mais ne refusent pas le récit pour autant.

Les artistes présentent leurs vidéos ou leurs photographies comme des processus et non comme des objets finis et stables. L'historien
d'art W.J.T. Mitchell relève ainsi que " les images ne sont pas des mots, et il n'est pas si évident qu'elles aient quelque chose à nous " dire ".

Elles peuvent bien nous montrer quelque chose, mais l'acte de langage doit leur être octroyé par le spectateur, qui projette une voix dans l'image lorsqu'il y déchiffre un récit ou un message verbal "*. Le public est ainsi invité à déjouer leur apparent mutisme.

Julie Martin et Camille Prunet

Centre d'art contemporain Chapelle St Jacques, Avenue du Maréchal Foch - 31800 Saint-Gaudens Tél :05 62 00 15 93