Exposition monographique de l'artiste et cinéaste français Clément Cogitore, exclusivement dédiée à son travail vidéo et filmique. Si le film reste son medium de prédilection, la pratique artistique de Clément Cogitore aborde également la photographie, l'installation et la mise en scène.
Répartie dans les différents espaces de la Base sous-marine, une sélection d'installations de films et vidéos parmi les plus emblématiques de l'artiste forme un parcours incluant oeuvres de début de carrière et réalisations plus récentes, dont The Evil Eye, avec laquelle il a été le lauréat du prix Marcel Duchamp en 2018.
L'exposition est également accompagnée de projections de cinq de ses longs et courts-métrages dans le cadre du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux (Fifib).
Les films et vidéos de Clément Cogitore sont ancrés dans les circuits classiques de distribution du cinéma et font aussi l'objet de présentations dans l'espace muséal et dans des galeries.
À travers son oeuvre, Clément Cogitore questionne notre rapport constant aux images. Il rassemble des images en mouvement tournées par lui-même ou préexistantes avec lesquelles il constitue des récits qui explorent sans relâche notre relation au monde.
Qu'elles aient été récupérées sur Internet (Un Archipel, 2011 ; Assange Dancing, 2012), acquises dans des bases de données (The Evil Eye, 2018), filmées par l'artiste (Porteur, 2004 ; Passages, 2006) et mises en abyme par projections successives (Travel(ing), 2005 ; Sans titre, 2017),
les images qui constituent ses oeuvres forment autant de narrations à des degrés plus ou moins scénarisées et à l'intérieur desquelles les frontières entre documentaire et fiction s'effacent peu à peu. Le rituel, la mythologie, la disparition des êtres ou des images et la mémoire collective traversent tout son travail : ses films dévoilent un intérêt marqué pour le rapport des êtres humains entre eux et à une certaine forme d'au-delà, à ce qui pourrait être une force invisible et sacrée, une force qui nous dépasse.
Tout en touchant à des faits réels comme la guerre d'Afghanistan (Ni le ciel ni la terre, 2015), les émeutes raciales de Los Angeles et la naissance du Krump (Les Indes Galantes, 2017), l'affaire Julian Assange (Assange Dancing, 2012) ou la seconde révolution égyptienne (Tahrir, 2012), les films de Clément Cogitore, à travers la représentation subtilement évocatrice de ces événements, détournent les conventions narratives habituelles. Dans une relation constante à la machinerie du cinéma, à ses rituels et à ses artefacts, surgissent les questions de la croyance, de l'au-delà, des origines de l'humanité (Sans titre, 2017).
Ces rituels cinématographiques partagés en communion avec l'écran de projection rejoignent de nouveaux rituels, individuels cette fois, et liés à la pratique élargie de la vidéo et des nouvelles technologies (Élégies, 2014). C'est ainsi que Clément Cogitore interroge inlassablement la circulation des images aujourd'hui et leur impact sur nos vies quotidiennes.
Anne-Sophie Dinant,
commissaire de l'exposition.