On ne l'appelait pas Titi Gilardi. Pourtant, outre ses qualités journalistiques, il savait à la fois combler le supporter exigeant type Franck Leboeuf ou Thierry Roland, mais aussi le spectateur de TF1 lambda devenu auditeur du Super Moscato show, le chauffeur de taxi. Il n'omettait pas non plus de s'occuper de madame qui, en faisant la vaisselle, fantasmait sur ses beaux yeux verts et son éternel chat dans la gorge. Un héritage difficile à assumer pour Christian, dont le sourire n'a jamais convaincu belle maman, qui l'appelait toujours Jean-Paul et le jugeait au mieux faux-cul, au pire simplet.
Période décèsL'ex-victime de Vincent Hardy, qui n'hésitait pas à l'enfermer dans le placard à balai avec Pascal Praud et son haleine de prof de physique-chimie prognathe, n'a pas exactement le profil du gendre idéal, un peu trop lisse avec sa tête de " Monsieur suit " comme l'appelait sa prof de droit. Alors, il a essayé de se montrer professionnel à défaut d'être charismatique. Pour préparer le match de l'équipe de France suivant le décès du titulaire des commentateurs de TF1, il a profité de l'émotion ambiante et des nombreux reportages d'archives consacrés à Thierry Gilardi pour potasser à fond son match. Il ne fallait en effet pas louper sa chance. Car Vincent Hardy, désormais technicien de surface, c'est Romain Del Bello qui lui versait alors le laxatif dans son chocolat au lait en attendant de lui piquer sa place. Il lui a pourtant survécu.
Alors, abandonné par un Jean-Michel Larqué en larmes, il a assuré. Des trémolos dans la voix après avoir passé la nuit dehors dans l'espoir d'avoir le timbre de Gilardi, tout le monde a cru à de l'émotion alors qu'il commençait juste à être aphone et surtout qu'il se pissait dessus de stress et de joie. C'est une première victoire pour Christian qui se retrouve, enfin, au premier plan. Pour préparer ses débuts dans une grande compétition en tant que chef de file, il travaille d'arrache-pied. Comme il ne peut plus copier le présentateur de Téléfoot puisque c'est lui, il observe la concurrence. Son salaire de stagiaire ne lui permet pas de s'abonner à Canal +. Le pauvre s'en remet donc au savoir de Denis Balbir. Le résultat est terrible.
Thierry Jean-PierreL'Euro débute et, terrible nouvelle pour lui, deux des trois matches de l'équipe de France sont pour la chaîne qui monte et Thierry Roland, qui lui a filé ses premières tartes sous la douche. Encore une fois, il se cantonne à des matches de seconde zone. Mais peu importe, seul le statut compte. Sauf que s'il a oublié rapidement Thierry Gilardi, les téléspectateurs, eux, ne l'ont pas oublié. Si à cause de ses cheveux entre Souchon et David Darrault il ne peut pas se gominer à la Balbir, il emprunte le râle du néo-commentateur du Wap Orange, s'enthousiasmant sur des ballons dans le rond central et en faisant des tonnes sur le malheur des pauvres vaincus tel " ce grand Pieter Chierch, ce gardien que j'aime tant ". On reconnaît le style de feu Thierry Roland mais, comme tout ce que fait l'homme aux trois prénoms, c'est approximatif. Même ses anecdotes, trop préparées à l'avance, sont bidons. La mayonnaise ne prend pas, Larqué, largué, a jeté l'éponge en attendant qu'on lui fournisse un troisième Thierry, mais il ne reste qu'une Estelle et elle appartient à M6. Avant de débaucher Gilardi, TF1 avait pensé à Josse pour lui trouver finalement une place dans un placard de TPS. Et la jurisprudence Balbir a montré que la solution ne se trouvait pas toujours sur Canal+. Heureusement, l'Euro est terminé depuis plusieurs jours. TF1 mit ensuite dix ans à s'en débarrasser pour tenter d'offrir à Margotton l'épaisseur d'un commentateur mythique qu'il ne deviendra jamais. Christian eut droit à des funérailles médiatiques sous les auspices du père Killian Mbappe. Et comme tous les quatre ans, il fut ressorti de la naphtaline pour couvrir la Coupe du monde des tampons.
Pendant ce temps-là, Estelle Denis eut enfin une émission avec son prénom dedans après être tombée du grand plongeoir et d'un plus petit. Romain Del Bello fit des tweets.