Migros Magazine publie cette semaine un entretien avec Eric Zemmour (ici) . L'hebdomadaire le présente
ainsi : "Journaliste au "Figaro", chroniqueur chez Ruquier, Eric Zemmour a l'art de faire l'unanimité contre lui en défendant des incongruités comme le nationalisme, le machisme ou la culture
classique. Dans son dernier livre, il s'en prend à l'antiracisme".
Ma première réaction en lisant cette introduction a été de poussser l'expression molièresque : "Ah le brave homme !"... En fait je serais malhonnête si je feignais de découvrir ce journaliste non
conformiste. Si je lis peu Le Figaro et ne regarde pas On n'est pas couché, l'émission de Ruquier du samedi soir sur France 2, je me délecte tous les mois de la chronique de ce
triste individu dans Spectacle du Monde.
Parce que l'antiracisme est une idéologie néfaste, de plus protégée par la loi - en Suisse c'est le fameux article 261bis du Code pénal qui permet aux bien-pensants de clouer le bec aux
autres, et qui devrait bien être modifié comme Christoph Blocher l'envisageait - il est réjouissant que quelqu'un s'en fasse le pourfendeur, de surcoît avec raison, et sans le recours
facile à l'émotion, et le mette dans le même sac que le féminisme.
Eric Zemmour dit donc dans cette entretien : "Le féminisme, l'antiracisme sont des causes de bien-pensants. C'est dans le milieu des pseudo-élites françaises et occidentales qu'on navigue sur
cette ligne progressiste, féministe, antiraciste, une ligne que le peuple ne suit pas du tout". Et pour cause c'est une ligne suivie par des intellectuels dévoyés, refusant la parole au peuple
quand ce dernier n'a pas l'heur de leur plaire.
Eric Zemmour précise : "Etre contre l'antiracisme n'est pas être raciste. Ne pas aimer le féminisme, ça ne veut pas dire ne pas aimer les femmes". C'est le bon sens même et cela va même
mieux en le disant. Qu'est-ce donc que l'antiracisme ? "Une idéologie mise en place par d'anciens gauchistes qui avaient dû renoncer à leurs illusions et qui ont trouvé dans les immigrés une
sorte de peuple révolutionnaire de substitution".
Là où Eric Zemmour met le doigt sur la plaie c'est quand il ajoute : "Plus grave, l'antiracisme est une manière détournée de mettre la race et les différences raciales au coeur de la
politique. On n'a jamais autant parlé de racines, d'origines, de communautés que depuis que l'antiracisme règne en maître sur l'espace intellectuel". Ce faisant on joue avec le feu.
La mise en place de cette idéologie a évidemment été rendu possible par les mouvements massifs de population, résultant eux-mêmes du développement des moyens de transports. En France le
modèle d'assimilation des immigrés "a explosé dans les années 70-80, c'est pour cela qu'il y a de la violence : chacun veut imposer son mode de vie, puisqu'il n'y a plus de modèle dominant. C'est
ça le communautarisme. La France est un pays très fragile à ce niveau, puisque situé à l'épicentre de multiples influences".
Le paradoxe de l'antiracisme est donc qu'il attise un feu qui couve et qu'il se nourrit de ce qu'il prétend dénoncer. Eric Zemmour a le mérite de ne pas s'en laisser conter et de le dire
tout haut, et rationnellement, tandis que beaucoup le pensent tout bas, et intutivement. De fait il n'y a pas unanimité contre Eric Zemmour.
Francis Richard