Critique livre – Ce qu’on ne voit pas, Paris : déambulation poétique dans les rues de la ville

Publié le 10 octobre 2019 par Linfotoutcourt

Ce qu'on ne voit pas, Paris nous propose de redécouvrir les immeubles et autres bâtiments parisiens à travers un album de dessins d'une grande poésie.

Ils font partie de notre environnement, bordent nos trajets quotidien, s'étirent au-dessus de nos têtes qui ne se lèvent plus que rarement. Ce qu'on ne voit pas, Paris, rend hommage aux bâtiments de la capitale. Un ouvrage unique, de grande qualité, qui nous invite à ralentir le pas. À nous arrêter quelques instants devant ces lieux de vie. Et à savourer toute la beauté et les effluves de secrets qui s'en dégage.

" Souvent, on se souvient d'un bourg, du vieux lavoir et des têtards dedans, du cimetière sous le soleil d'été, des lézards sans queue sur le granit chaud. (...) Mais que retient-on de la ville, la vertigineuse qui craque de partout ? "

Paris est magique

La couverture suffit à nous donner envie de redécouvrir Paris sous les coups de crayons de Stéphane Drillon. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : redécouvrir une ville que nous pensions peut-être connaître par cœur mais qui, pourtant, au fil des pages, nous apparaît toute autre. Ce livre est une pépite, un condensé de poésie. Les quelques pages d'anecdotes introductives s'écrivent déjà comme des esquisses. En effet, la plume de Sigolène Vinson nous plonge dans un ailleurs qui a pourtant quelque chose de familier. Peut-être s'agit-il juste de ce que nous avons toujours vu, mais que ce duo artistique nous invite cette fois à regarder, à contempler, à ressentir. Une rue, une façade, une ambiance.

© Stéphanie Drillon

Des dessins inspirés et inspirants

Le travail de Stéphane Drillon est remarquable. Et on prend vraiment le temps d'apprécier chacun de ses dessins, d'en observer les détails. Et d'essayer de comprendre ce qu'il a choisi de mettre en relief et pourquoi. Le trait est fin, précis, soigné. Il s'offre toutefois quelques libertés qui ajoutent quelque chose de vivant. Et un contraste bien dosé s'opère entre le net et le flou, le dessin et l'esquisse, la couleur et son absence. Ce qui, en plus d'offrir un rendu incroyablement beau et poétique, permet de mettre en valeur un élément du décor en particulier, tandis que son environnement existe de manière plus discrète, seulement suggéré. Et on meurt d'envie de se rendre, le livre sous le bras, dans chacune des rues traversées. De se mettre en quête du lieu de prise de vue, pour regarder avec un intérêt neuf ces bâtiments. Comme une chasse au trésor.

Un ouvrage pour s'évader

Aucune trace de vie humaine dans ces pages qui célèbrent la ville, ses bâtiments et leurs mystères. En effet, d'un arrondissement à l'autre, on déambule au milieu des constructions haussmanniennes, des maisons individuelles, passages, villas, et autres immeubles de bureaux. Sans logique, sans but autre que de se laisser porter dans les rêveries qu'inspirent ces errances poétiques. Seul petit bémol, on aurait aimé avoir quelques infos ou anecdotes sur les différents lieux représentés, pour qu'une vraie rencontre s'opère. Une année de construction, un élément d'histoire, un simple ressenti personnel du photographe même. D'autant que la plume particulièrement délicieuse de Sigolène Vinson dans les premières pages aurait accompagné à merveille cette douce flânerie parisienne.

Ce qu'on ne voit pas, Paris, de Stéphane Drillon et Sigolène Vinson, à paraître le 24 octobre 2019 aux Éditions Le Tripode.