Cette rencontre régionale de l'eau et de l'assainissement, organisée chaque année par les Canalisateurs du Sud-Est en partenariat avec le CINOV et Syntec Ingénierie, en présence d'Alain Grizaud, Président national des Canalisateurs, a mis en avant l'exemple de quatre collectivités volontaristes et courageuses. Dans le Sud de l'Ardèche (07), le prix du m3 est passé à 6 €. Jean Pascal, Président du Syndicat des Eaux du Bassin de l'Ardèche (SEBA), a précisé que dans son territoire où 35 000 habitants sont desservis en eau potable l'hiver, - et plus de 300 000 l'été avec les touristes ! -, seule une hausse du prix du m3 d'eau potable, expliquée aux usagers, a permis d'assainir les finances du syndicat et de permettre de dégager des bénéfices. Sur les trois dernières années, cette intercommunalité ardéchoise a pu consacrer 3 millions d'euros par an au renouvellement de ses réseaux. salle-capi Dans le Beaujolais (69), les communes ont poussé très loin la mutualisation des forces. Sylvain Morel, Directeur des espaces extérieurs de Belleville et de la communauté de commune Saône-Beaujolais, a expliqué comment les élus de 35 communes avaient réussi à s'entendre pour imaginer une structure mutualisée de gestion des réseaux d'eau, qui prépare les dossiers d'appels d'offre, de demandes de financement ou de subventions. Le budget de fonctionnement a ainsi été réduit à 6.6% du budget total de l'organisme gestionnaire des réseaux d'eau.
À Valence (26), la relation clients a été digitalisée. Lionel BRARD, Président du SCoT du Grand Rovaltain Drôme-Ardèche, Président de la Régie Eau de Valence, a indiqué que sa structure dégageait 2 000 000 d'euros d'excédents par an, réaffectés aux travaux de renouvellement des réseaux. Au sein de la CAPI (38), le prix de l'eau a également été augmenté à 4,2 euros pour palier la baisse des subventions accordées par l'Agence de l'eau. La communauté de commune parvient à consacrer 6 millions d'euros par an pour la rénovation de ses réseaux d'eau potable (2,5 millions d'euros) et d'eaux usées (3,5 millions d'euros), selon son directeur général des services, Thierry Sammut.
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Il semble donc possible pour les collectivités d'en augmenter le prix, en menant en parallèle des campagnes de communication, comme l'a fait par exemple l'intercommunalité Saône-Beaujolais en faisant visiter une station de traitement des eaux usées à près d'un tiers de ses usagers. Toutes les collectivités présentes ont indiqué recourir à l'emprunt principalement pour des travaux de création de réseaux ou pour la construction d'une nouvelle station de traitement ou d'épuration des eaux. L'Agence de l'eau a par ailleurs revu ses taux d'aides, ainsi que l'a expliqué Nicolas Chantepy, Directeur Général Adjoint de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse. L'Agence de l'eau privilégie en effet le financement des chantiers prioritaires ou pour lesquels le plus grand résultat est escompté, comme par exemple les économies d'eau dans le secteur agricole. Pour qu'une collectivité puisse obtenir un financement, elle doit notamment accepter d'application un tarif minimal du prix du m3 d'eau.
Enfin, la majorité des élus présents a exprimé sa réserve quant à l'utilisation de prêts à durée très longue (jusqu'à 80 ans), permis à l'issue des Assises nationales de l'eau qui se sont tenues à l'automne 2018. Ils ne veulent pas faire peser sur des générations futures le financement des réseaux d'eau et contraindre leur pouvoir d'action. Philippe Lambert, Directeur Régional Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des Territoires, y voit néanmoins la possibilité pour les collectivités d'entrer dans une vision patrimoniale de la gestion de leurs réseaux, en alignant la durée du prêt sur leur durée de vie estimée. Alain Grizaud a regretté que sur le milliard d'euros consacré aux aqua-prêts, seuls 360 millions d'euros aient été effectivement utilisés par les collectivités à ce jour... !