Le Prince mit un bateau avec équipage à notre disposition. Mario gardait jalousement le David, Gregorio le Saint Jean.
Nous avons accosté dans une petite crique au nord de Rome. Le capitaine avait eu pour consigne de nous remettre aux mains des envoyés du Pape, en échange de mon amnistie.
Nous attendions, allongés sur le sable. La Malaria me torturait. Mario restait près de moi. Gregorio s'était acoquiné avec le second du Capitaine, lequel capitaine était parti en ville pour la nuit.
Profitant de l'assoupissement de Mario, Gregorio s'est précipité pour voler le David. Une violente bagarre les opposa. Gregorio réussit à voler le tableau et à partir en compagnie de son nouvel amant sur le bateau qu'ils ancrèrent loin du rivage, en attendant le Capitaine. Ils n'avaient pas vu au loin une voile portant la croix de l'Ordre de Malte et qui se dirigeait vers eux.
Terrassé par la fièvre je n'ai rien pu faire, rien dire. Mario était agenouillé à coté de moi, son poignard encore à la main. Je n'ai eu la force que de lui dire: "Vas-y, c'est le moment. Je veux que ce soit ici, maintenant, et de ta main".
Mario commit son dernier acte d'amour en plongeant le couteau dans ma poitrine, sous les moqueries de Gregorio. Mais que serait la Passion du Christ sans les quolibets des soldats?
Salome et la tête de Saint Jean Baptiste