Je ne connaissais pas la revue Mot à maux, dirigée par Daniel Brochard, avant que mon ami le poète Denis Hamel m’en parle et me prête le numéro 9, qui vient de sortir il y a quelques jours.
Ce numéro est une anthologie de 18 poètes publiés habituellement chez l’éditeur indépendant du Petit Pavé et on sent effectivement une esthétique commune qui donne une grande cohérence à cette anthologie et rend la lecture très agréable.
Beaucoup de ces poèmes m’ont plu, il est difficile d’établir une sélection.
Voici tout de même quelques uns de mes choix, parmi les plus courts.
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Loire
I
Ce coulis d’air, ce rien de brise d’un glissement suave et lent.
Et cette coulée de fleuve sans colère, ne sait que mouvances et sables et délitement de rives.
Et cette barque perdue au bout des regrets, qui résiste à l’eau, et au vent, et au temps.
François FOLSCHEID
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bouquet
Vois, dans le vase pansu, l’aucuba, l’oignon rose
l’œillet panaché de violet Vois comme ils frôlent
l’aile même du mystère, loin de ceux qui prônent
le refus de tout ailleurs Vois combien ils sont trône
de beauté Vois ces tiges nues, courbes, droites – drôle
d’assemblage – Là, bientôt, meurent tes idées moroses.
Nicolas GILLE
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La fenêtre parle
9
Maintenant l’arbre
a mangé la lumière
et la fenêtre fane
Le cadre est écaillé
Les oiseaux sont partis
… ou alors ils se cachent
La vigne a poussé
de longs bras inutiles
(A quoi servent les bras
quand étreindre a disparu ?)
Marie DESMARETZ
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Coupure
la rose morte
don de dieu ?
la peur d’un enfer pire qu’ici-bas
chaque extrait d’écorce d’arbre
est déjà un poème
la main touche la texture de la fleur
l’homme s’apprête à vivre en silence
dans le grand mystère
Denis HAMEL
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