Le livre se lit vite. La nouvelle loi, interdisant de parler dans l'espace public, tout juste promulguée, prend désormais toute la place. Ce n'est pas le silence qu'on entend, ce sont les bruits des machines, des voitures, des engins de chantier. Mais de parole humaine, plus du tout. Partout est affiché le texte de loi. Il n'y a rien de plus à expliquer. Le reste est l'affaire de la police, qui arrête les contrevenants, et des délateurs... Peu à peu, les visages deviennent blafards, les corps perdent de leur tenue, la ville même se rabougrit et écrase toute résistance. Le narrateur, qui a d'abord écrit dans des carnets, n'a plus rien à dire et les dernières pages sont blanches.