Paris, le 16 juillet - A l’occasion de la visite officielle du président congolais Joseph Kabila en France, Greenpeace demande aux deux pays de prendre la mesure de l’importance des forêts du Congo pour la biodiversité et le climat à l’échelle planétaire, et de concrétiser les engagements pris ces derniers mois sur la protection des forêts du Congo.
La destruction des forêts est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Les forêts du bassin du Congo constituent le deuxième poumon de la planète, mais cette ressource inestimable, encore relativement préservée, est menacée : près du tiers de la superficie de ces forêts, soit l’équivalent de la France, est d’ores et déjà attribué à l’exploitation forestière industrielle.
Cette visite intervient à un moment crucial pour l’avenir des forêts de RDC (République Démocratique du Congo), alors que le processus de révision de la légalité des titres forestiers entre dans sa phase finale et que se jouera dès le mois prochain, à Accra, un acte important des négociations internationales sur le climat et la lutte contre la destruction des forêts. Dans ce contexte, Greenpeace demande au président Kabila :
- de garantir que ce processus soit finalisé de manière rigoureuse et transparente, afin que l’ensemble des titres entachés d’irrégularité (environ les trois quarts) soient effectivement annulés ;
- de maintenir le moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestiers à l’issue de la conclusion de ce processus ;
- de soutenir, dans le cadre des négociations internationales, un mécanisme permettant d’associer les populations forestières aux décisions et à leur mise en œuvre, et de lutter contre les moteurs de la destruction des forêts, en particulier l’exploitation forestière industrielle.
En mai dernier, Jean-Louis Borloo et son homologue congolais, José Endundo, ont signé une déclaration commune pour mettre en œuvre des programmes de coopération bilatérale où ils s’engageaient à appuyer les capacités des administrations forestières congolaises, de la société civile et des collectivités locales afin de renforcer la gouvernance forestière, et lutter contre l’exploitation illégale et destructive des forêts.
« Au delà des déclarations d’intentions, la France doit maintenant concrétiser ses promesses », déclare Jérôme Frignet, chargé de campagne forêts à Greenpeace France. « Pour ce faire, la France doit réorienter son aide publique au développement à destination de la RDC. Elle doit non pas soutenir l’industrie forestière mais aider financièrement et techniquement l’administration congolaise à faire respecter le droit forestier, gérer les aires protégées et prendre en compte les intérêts des populations forestières. Elle doit aussi favoriser le développement d’alternatives à l’industrie forestière. »
D’autre part, alors que la présidence française de l’Union européenne vient d’être lancée, Greenpeace demande à la France d’être moteur dans l’adoption d’une position européenne ambitieuse sur la lutte contre la déforestation et la dégradation forestière, dans le cadre des négociations internationales sur les changements climatiques. Un signal fort de la France est attendu, à l’instar de celui lancé par l’Allemagne en mai dernier, lors de la Convention sur la Diversité Biologique à Bonn, mobilisant un montant de 500 millions d’Euros pour la protection des forêts.