❤ Attention, ce roman n’est pas un coup de coeur évident !! Je m’explique. A l’heure où j’écris ces lignes, je me demande en effet encore ce qui m’a vraiment plu dans ce livre. L’atmosphère ? L’histoire ? Ce sentiment dérangeant que l’on ressent lorsque l’on comprend tout à coup ce qui unit véritablement Katherine et George son mari ? Lorsque j’hésite à classer une lecture en coup de coeur, je me fis au frisson ressenti. Le frisson ressenti est ce qui départage chez moi les lectures beaucoup aimées des coups de coeur. Et ce roman m’a donné des frissons à plusieurs reprises, par ses scènes magnifiques et son écriture souvent malicieuse et précise, mais aussi par tous ses secrets révélés. Nous sommes à Belfast, en 1969. La ville connaît de fortes tensions. Il ne fait pas bon être catholiques dans le quartier où se sont installés Katherine et George. Mais ce n’est qu’une toile de fond pour ce qui se joue réellement dans les coeurs. Lors d’une sortie à la mer, Katherine a failli se noyer et a eu une vision, celle d’un énorme phoque. Katherine est très troublée et repense à l’amant qu’elle a eu pendant ses fiançailles avec George. A l’époque, Tom était le tailleur qui allait lui faire une robe de scène époustouflante et Katherine la Carmen du spectacle qui allait se jouer bientôt. Mais aujourd’hui, Katherine a trois filles adolescentes et un bébé. Il n’est plus temps de pleurer sur le souvenir de cet amour dont elle n’a conservé qu’une partition remplie de traces de baisers et une statuette brisée. Et George est un mari prévenant et fiable, quoique très occupé par ses activités de pompier bénévole. Michèle Forbes a le talent incroyable dans ce premier roman de disséquer tous les petits riens qui font une vie, la beauté des instants précieux, comme les moments les plus laids. Tout cela constitue un kaléidoscope, sur lequel on peut se retourner à loisirs. Le lecteur apprend peu à peu à connaître Katherine, ses enfants, à aimer les instants passés en famille. Le lecteur se demande aussi ce qu’il a pu advenir de Tom, de l’amour avec Tom. Et il referme ce roman riche, déroutant et attachant, persuadé d’avoir effectué un voyage dans une Irlande à la fois rude et onirique, qu’il n’oubliera pas de sitôt.
« On flotte et on brûle et on se sent différent d’avant. Tels sont les codes de l’amour, entraperçus et à présent partagés. Et Katherine a expliqué la chose à sa fille comme si elle-même l’avait comprise. Comme si elle avait compris de quelle manière l’expérience de l’amour s’était emparée de son être et l’avait envahi. »
La Table ronde – janvier 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… Hélène de Lettres d’Irlande et d’ailleurs
Un titre extrait de la box kube Terres d’Irlande