Partager la publication "[Critique] DANS LES HAUTES HERBES"
Titre original : In the Tall Grass
Note:Origine : États-Unis
Réalisateur : Vincenzo Natali
Distribution : Laysla De Oliveira, Avery Whitted, Patrick Wilson, Will Buie Jr., Harrison Gilbertson, Rachel Wilson…
Genre : Horreur/Adaptation
Durée : 1h30
Date de sortie : 4 octobre 2019 (Netflix)
Le Pitch :
Une jeune femme et son frère roulent sur une route bordée par un gigantesque champs entièrement occupé par des hautes herbes. Alors qu’ils font une pause, en face d’une église, ils entendent les cris d’un enfant. Cris provenant des herbes. Décidant d’aller à sa rencontre, ils ne tardent pas à se perdre…
La Critique de Dans les hautes herbes :
Adaptation d’une nouvelle écrite par Stephen King et son fils Joe Hill, Dans les hautes herbes marque le retour au cinéma de Vincenzo Natali. Le fameux réalisateur de Cube qui n’avait pas livré de film depuis l’inédit vidéo Haunter en 2013, mais qui s’est montré particulièrement prolifique à la télévision via des séries comme Hannibal, Orphan Black, The Strain, Wayward Pines, Luke Cage, Westworld ou encore Perdus dans l’espace. Et comme par hasard, Dans les hautes herbes s’impose finalement comme une sorte de relecture de Cube, exploitant ainsi l’une des thématiques fétiches du cinéaste, à savoir l’emprisonnement et ses effets…
Quand la tondeuse tombe en panne
Hier bloqué dans un mystérieux cube, Vincenzo Natali se retrouve aujourd’hui pris au piège d’un champs à géométrie variable, sorti des imaginations combinées de Stephen King et de Joe Hill. Un terrain de jeu parfait pour le metteur en scène, qui semble prendre beaucoup de plaisir à plonger ses personnages dans ce labyrinthe surnaturel et anxiogène, utilisant des techniques de mise en scène qu’il maîtrise à merveille et parvenant au final à très rapidement instaurer un certain malaise. C’est ainsi que la première demi-heure de Dans les hautes herbes parvient à véritablement accrocher le spectateur. Fluide, la réalisation va droit au but, réussissant à vraiment traduire la détresse des protagonistes alors que cette prison de verdure se referme brutalement sur eux sans que l’on ne comprenne vraiment pourquoi. Par la suite néanmoins, c’est plus compliqué, car le scénario se perd en peu et tourne en rond au rythme de détours pas toujours très heureux, tandis que Natali tente diverses audaces formelles un peu hasardeuses elles aussi. On pense par exemple à ce ciel rouge, visuellement très beau mais au fond un peu grossier quand il s’agit de représenter à l’écran une menace fantastique de toute façon déjà suffisamment tangible. Idem quand l’action s’emballe, avec images chocs à l’appui. Des stratagèmes moins fins qu’il n’y paraît. Difficile dans ces conditions de ne pas regretter que Natali, également au scénario, n’ait pas opté pour une démarche plus intimiste, peut-être plus adaptée à l’histoire.
Gazon maudit
Dans les hautes herbes n’est donc pas dénué de défauts. Contrairement à Mike Flanagan, dont le travail d’adaptation sur Jessie forçait l’admiration, ici, Natali pêche un peu par excès. Des excès motivés par une bonne volonté manifeste, qui contribue à rendre quoi qu’il en soit son film intéressant dans sa globalité. Tant pis si au final, il paraît plus long qu’il ne l’est vraiment, car il réserve quand même quelques scènes fortes et jouit de toute façon du jeu pertinent d’un groupe d’excellents acteurs. Oui, Patrick Wilson en fait des caisses mais ce n’est pas vraiment dérangeant. Comme cette fin, attendue mais efficace, qui contribue à faire de cette production une série B à l’ancienne, à ranger aux côtés de Cube donc mais aussi du méconnu Les Ruines. Un film d’horreur mettant lui aussi en scène des plantes diaboliques, qui pour sa part en revanche, avait tout juste du début à la fin alors que ces herbes plutôt flippantes cherchent sans cesse à nous perdre jusqu’à se perdre un peu elles-mêmes en cours de route. Difficile dans ces conditions de totalement retomber sur ses pieds.
En Bref…
Bénéficiant du solide savoir-faire de Vincenzo Natali, cette adaptation du tandem King/Hill fait tout à fait le job. Une série B non dénuée de défauts mais honnête et efficace jusqu’au bout.
@ Gilles Rolland