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Paul Celan – La pente

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Paul Celan – La penteTu vis à côté de moi, pareille à moi:
pierre
dans la joue effondrée de la nuit.

Ô cette pente, mon aimée,
où nous roulons sans faire de pauses,
sous les pierres,
de rigole en rigole.
Plus rondes à chaque fois.
Plus semblables. Plus étrangères.

Ô cet œil ivre
qui comme nous erre ici tout autour,
et parfois étonné,
nous voit confondus.

*

Die Halde

Neben mir lebst du, gleich mir:
als ein Stein
in der eingesunkenen Wange der Nacht.

O diese Halde, Geliebte,
wo wir pausenlos rollen,
wir Steine,
von Rinnsal zu Rinnsal.
Runder von Mal zu Mal.
Ähnlicher. Fremder.

O dieses trunkene Aug,
das hier umherirrt wie wir
und uns zuweilen
staunend in eins schaut.

*

The Slope

You live beside me, like me:
as a stone
in the sunken cheek of night.

Oh this slope, my love,
where we tumble incessantly,
stones,
from rivulet to rivulet.
Rounder, as time goes by.
More similar. Stranger.

And oh this drunken eye
that wanders around here the way we do
and sometimes, astonished,
sees us as one.

***

Paul Celan (1920–1970) – Schwelle zu Schwelle (1955) – Choix de poèmes

(Poésie/Gallimard, 1998) – Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre – Translated from the German by David Young.


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