La banque qui fait des petits

Publié le 04 octobre 2019 par Patriceb @cestpasmonidee
Face à l'entrée en scène d'une nouvelle génération d'acteurs, nombre de banques traditionnelles ont répliqué en lançant leur propre établissement 100% en ligne et/ou mobile, avec plus ou moins de bonheur. Pour une petite institution basée près d'Orlando en Floride, ce n'était pas suffisant : elle veut multiplier ses variantes « digitales ».
Le premier objectif de Surety Bank est de conquérir une clientèle additionnelle au-delà de son périmètre d'implantation (réduit) actuel, en s'inspirant des standards qu'amène la FinTech, dont il s'agit, en même temps, de contrer la pénétration sur son marché. La première émanation de cet effort se nomme « booyah! » et elle se présente comme une néo-banque dédiée aux étudiants universitaires et aux jeunes diplômés, accompagnée de ses promesses habituelles de gratuité, de transparence, de réactivité…
Mais, d'ores et déjà, un autre concept est en préparation, destiné cette fois aux athlètes professionnels et à leurs fans, et les réflexions sont engagées pour le troisième, qui devrait voir le jour au cours de l'année prochaine. En pratique, pour opérer sa magie, Surety Bank s'appuie sur la technologie de Nymbus, qui s'est justement fait une spécialité de l'adaptation facile de sa plate-forme bancaire à des publics différents (elle s'engage à développer une expérience pour une cible donnée en moins de trois mois).
Aussi étrange paraisse-t-elle, la démarche répond à un enjeu réel, qu'ont effectivement appréhendé plusieurs jeunes pousses par le passé, avec des résultats contrastés. Ainsi, le positionnement de Revolut sur les besoins des voyageurs est un exemple de réussite, tandis que la tentative de Loot en direction des étudiants étrangers s'est terminée par sa fermeture, au printemps dernier. L'idée sous-jacente est aussi simple que séduisante : identifier un segment de clients mal servi et lui offrir une solution optimale.

Aujourd'hui, ce principe est à l'œuvre dans la vague actuelle de projets de banques pour les petites entreprises, mais il est applicable à une multitude de cas particuliers, pour lesquels les produits standardisés s'avère un tant soit peu frustrants. En attendant que les possibilités de personnalisation extrêmement pointues permettent de corriger ces défauts, la deuxième meilleure option, quand elle est économiquement envisageable, consiste à décliner le modèle unique en autant de versions que de catégories d'utilisateurs.
En revanche, il faut tout de même émettre une réserve sur l'approche retenue par Surety Bank. Elle tend en effet à focaliser sa promesse de valeur sur des caractéristiques génériques (pour booyah!, l'absence de frais, le programme de parrainage…), qui tiennent du marketing et non de la recherche d'adéquation aux besoins d'un ensemble de clients, lors de l'entrée en relation (sur la souscription d'un prêt étudiant ?) et dans les fonctions mises en avant au quotidien (la gestion du cycle universitaire ou des jobs d'appoint ?).
De nos jours, les grands groupes financiers vantent leurs progrès en matière d'agilité, notamment sur le plan informatique. Voilà une excellente opportunité d'en apporter la preuve : au lieu de chercher à recouvrir d'une couche de « digitalisation » purement cosmétique leurs vieux socles bancaires, ne devraient-ils pas plutôt tenter de créer en série des solutions qui, à partir des mêmes fondations, s'ajusteraient précisément et, à terme, dynamiquement aux attentes de telle ou telle niche de clientèle ?