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[Critique] Joker

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] Joker

[Critique] Joker
Réalisé par l’étonnant Todd Phillips (Very Bad Trip), le film Joker relate la genèse de l’ennemi juré de Batman. Maintes fois incarné sur grand écran (Jack Nicholson, Heath Ledger, Jared Leto…), le personnage trouve désormais une nouvelle vie sous les traits de Joaquin Phoenix. L’occasion, pour le cinéaste et le comédien, de proposer une vision originale du célèbre méchant DC Comics. Une vision qui tranche nettement avec les productions super-héroïques du moment (et c’est tant mieux), et qui résonne aussi étrangement avec notre époque.

Couronné de succès un peu partout où il a été présenté (on pense notamment au Lion d’Or obtenu à la Mostra de Venise), le long-métrage puise sa force dans deux paramètres majeurs : la performance époustouflante de Joaquin Phoenix et le traitement singulier de Todd Phillips. Si le premier point ne surprendra personne compte tenu de la carrière impressionnante du bonhomme, force est néanmoins de constater qu’il confère au projet tout son intérêt. Complètement habité, l’acteur américain livre en effet une interprétation bouleversante de naturel dans la peau d’Arthur Fleck (le Joker). Tour à tour amusant, effrayant, cynique ou encore cruel, parfois tout ça en même temps dans la même scène, il incarne avec une sensibilité désarmante le célèbre antihéros. Et que dire de son rire ou de ses pas de danse si ce n’est qu’ils contribuent brillamment à façonner un personnage absolument mémorable. C’est bien simple, l’acteur est tellement bon qu’il parvient même à nous faire oublier les faiblesses du scénario. Sans pour autant manquer de charme, le script n’évite effectivement pas quelques baisses de régime, se perdant par exemple dans des sous-intrigues pas forcément utiles.

[Critique] Joker
Là où le scénario vise assez juste, en revanche, c’est dans l’expression de la révolte du peuple contre le système. A travers le parcours du Joker, le récit illustre en effet de belle façon la colère naissante des laissés-pour-compte (de plus en plus nombreux face aux élites). Une colère qui n’est évidemment pas sans rappeler celle récente des Gilets Jaunes. Contrairement à ce que certaines critiques semblent affirmer, le film ne légitime toutefois en rien les actions condamnables du mouvement, se contentant simplement de lui donner un visage humain. Alors certes, la performance de Joaquin Phoenix est suffisamment subtile que pour construire un personnage complexe, mais le long-métrage ne laisse cependant aucune ambiguïté quant à son statut de cinglé. A la prestation magistrale de Joaquin Phoenix, Todd Phillips ajoute, quant à lui, un traitement visuel plutôt attrayant. Non seulement le film possède une véritable identité graphique, mais la mise en scène délivre aussi des plans de toute beauté. Une qualité que l’on attendait pas nécessairement, et que l’on retrouve aussi, de surcroît, dans la photographie et la bande originale, toutes deux participant magnifiquement à l’ambiance si singulière du long-métrage.

A l’opposé des films de super-héros traditionnels, Joker s’impose donc comme une œuvre majeure, aussi modeste dans ses moyens que bouleversante dans son résultat. A travers le parcours mouvementé de l’ennemi juré de Batman, phénoménal Joaquin Phoenix, le film se veut également le reflet de la révolte du peuple contre le système. Une révolte qui résonne étrangement avec notre propre réalité !


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