Tony Alimeck, un maire sans prétention

Publié le 03 octobre 2019 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Né à Pointe-à-Pitre, ce Guadeloupéen de 54 ans grandit dans une famille modeste. Après son CAP Électricité Automobile, il s’engage dans les Forces armées à 19 ans. D'abord au 5ème régiment de dragons – cavalerie – à Valdahon jusqu’en 1994, il poursuit sa carrière au 1er régiment de Spahis à Valence avec lequel il se rend en ex-Yougoslavie durant 4 mois, en 1995. Muté à l'école de défense Nucléaire Biologique et Chimique – NBC – de Bretteville-sur-Odon en 1996 – remplacée par un détachement du 42ème régiment de transmissions de Laval puis par le 18ème régiment de transmissions, il met un terme à 20 ans de carrière militaire en 2005 pour devenir Agent territorial. "En 2008, je suis sollicité pour rejoindre une liste en tant qu’adjoint, je saisis alors l’opportunité d’apprendre le rôle d’élu local. En 2014, à la fin de la mandature, le maire en place ne se représentait pas et aucune tête de liste potentielle ne s’affirmait. En l’absence de directive du maire sortant, dans l’intérêt général je constitue donc une liste de 11 personnes: l'ensemble des membres est élu avec 84% des suffrages exprimés face à la seconde liste présente. D'ailleurs, l'opposition politique est nécessaire, les administrés doivent disposer d'un choix." Il devient ainsi le 7ème maire ultramarin de la mandature 2014-2020 élu dans l'Hexagone. Son cursus politique rapide le conduit à acquérir d’emblée la responsabilité intermédiaire d'adjoint, sans passer par la "base" d’élu de "terrain" – qui est le mandat de conseiller municipal.

"Je suis accessible, sans rendez-vous. Et, quand les habitants viennent, je fais le maximum pour répondre à leurs préoccupations en leurs donnant les informations nécessaires. La communication et l’écoute sont primordiales pour un maire." Sa légitimité traditionnelle – celle de l’élu qui gère sa commune en "bon père de famille" – vient parfaire sa légitimité managériale – celle qui l’autorise à gérer sa commune comme une entreprise. "L'échéance de mon mandat approche, toutes les propositions faites lors de notre campagne ont été réalisées ou sont en cours. C'était notre but, nous y parviendrons." Malgré un bilan jugé positif, Tony Alimeck réserve sa candidature pour les élections municipales 2020. Devant faire face à 4 démissions entre 2016 et 2017, le maire de Maizières s’est "profondément remis en question". "Pour qu’une équipe soit forte, il faut une volonté de faire, de savoir, de la réactivité et du temps ainsi que de l’investissement. Aujourd’hui, il est très difficile de trouver des personnes engagées et motivées." Des élections partielles complémentaires ont donc été mises en place le 8 avril 2018 pour retrouver un conseil municipal de 11 membres. Le premier tour s’est soldé par l’élection des 4 candidats rassemblés dans une liste de soutien à la municipalité en place. Loin de douter de son efficacité à la tête du conseil municipal, cette péripétie pourrait malgré tout mettre à mal sa volonté de poursuivre son action politique locale.

De plus, il regrette les investissements limités à cause de la diminution de l’accompagnement de l’État ainsi que des collectivités qui doivent faire face, elles aussi, à une baisse de leurs dotations. "Ce manque de moyens met en porte-à-faux les maires qui ne peuvent pas toujours aller au bout de leur projet, ce qui fait que la confiance est mise à mal entre les administrés et leurs élus. Dans les petites communes, les administrés sont de plus en plus exigeants vis-à-vis de leur maire. En veillant à aller dans le sens de l'intérêt général, le maire ne peut pas toujours satisfaire les demandes individuelles, ce qui génère de la défiance. De plus, toutes les affaires politiques actuelles ne font qu'augmenter la défiance des administrés vis-à-vis des élus, quels qu'ils soient."

Dans un contexte inédit de défiance à l'égard des maires, où les incivilités à leur encontre se banalisent, ces élus locaux poursuivent malgré tout leurs actions avec un dévouement certain au service de l'intérêt de la communauté. Le statut ne fait plus rêver, cela est une certitude! Pourtant, à l'image de Tony Alimeck, nombreux sont ceux agissant avec altruisme et passion. Toutefois, afin d'inverser la tendance, ne faudrait-il pas leur accorder les finances nécessaires ainsi que la confiance qu'ils méritent?
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