Que je n’entende plus que des questions d’automne
et que des propos d’arbre en cette nuit banale
ma vie s’est arrêtée au bord de quelque pente
d’où l’on ne descend pas vers la mort souveraine
j’ai cherché trop longtemps une sortie de ciel
là où les hommes même avaient cousu de l’ombre
et je n’ai pour trouver que des restes de terre
où sont agenouillés les rêves les plus purs
que je n’entende plus de paroles dorées
sur l’habitude d’être dans le fini des choses
je veux cerner de près les contours de l’orage
et marcher vers une eau où l’âme fait naufrage
je veux sentir le vent comme une blessure d’air
souffler à mes côtés pour de plus amples quêtes
et partir vers un havre bénin
d’où l’on peut contempler les gestes de la mer
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Juan Garcia (né à Casablanca, Maroc, en 1945) – Pacte avec ma poésie (Saint-Germain-des-Prés, 1982)