L'Astral est loin d'être rempli lorsque Stu Larsen entame la première partie de la soirée avec pour seule compagnie sa guitare folk. L'Australien est un proche de Boy & Bear depuis de nombreuses années. Dix ans nous informe-t-il d'ailleurs, en racontant l'histoire d'un tee-shirt qu'il a toujours en sa possession datant de cette même époque.
Une première partie quand c'est bien, c'est toujours court. À peine six chansons pour Stu Larsen, dont la moitié en solo, et l'autre moitié accompagné de Tim Hart, batteur de Boy and Bear, producteur de son dernier album, venu l'accompagner à la guitare et aux harmonies pour l'occasion (merci pour la reprise de Ray Lamontagne en passant). Les deux acolytes sont pour la 2e fois en un an réunis sur la scène de l'Astral, où Stu Larsen donnait un concert dans le cadre de la sortie de son dernier album Resolute il y a quelques mois à peine.
En plus des classiques de son répertoire (" By the River ", " Thirteen Sad Farewells ", " Chicago Song "), Stu Larsen nous présente une nouvelle chanson " Hurricane ", plus allante, où l'on entend déjà très bien son groupe en soutien. Mais on ne vantera jamais assez les bienfaits de la guitare-voix sur le cœur et l'esprit. Trente minutes d'un folk doux et mélodique chanté par la voix apaisante de Stu Larsen et nous voilà dans les meilleures dispositions du monde pour accueillir les têtes d'affiche de la soirée.
Du rock lumineux
C'est quelques minutes avant 21h, que Boy & Bear débarque sur scène. " C'est un plaisir d'être de retour au Canada ! " lance Dave Hosking, le chanteur-guitariste. La dernière fois que nous les voyions, c'était au Petit Bain à Paris, en mars 2016. De l'eau a coulé sous les ponts depuis.
Les Australiens sont de passage à Montréal à l'occasion de la sortie de l eur nouvel album Suck on Light, dont la sortie est imminente (27 septembre/Nettwerk). Néanmoins, nous n'aurons pas la chance d'écouter en primeur toutes leurs nouvelles chansons. Seuls leurs trois titres déjà mis en lignes sont joués ce soir-là. Il faudra patienter encore quelques jours, comme tout le monde pour entendre le reste.
Ces nouvelles chansons, parlons-en. Bourrées d'optimisme et de lumière (" Suck on Light ", " Hold Your Nerve "), Boy & Bear a définitivement tourné la page de l'indie-folk mélancolique, leur marque de fabrique sur leur deux premiers albums. Limit of Love, leur 3e album avait marqué un premier tournant pop, qui avait surpris de nombreux fans. Suck on Light lui, est beaucoup plus affirmé rock 80's. Et vu les sourires sur leurs mines réjouies, ces cinq musiciens-là ont fait le bon choix, ou du moins ils l'assument cette fois-ci avec panache et plaisir.
Revisiter tout à la sauce rock
Pour cette nouvelle tournée, Boy & Bear a retravaillé beaucoup de titres phares de leurs précédents albums : dans les structures (l'intro de " Breaking Down Slow ") à la répartition des parties. Exit la mandoline et le banjo. Beaucoup moins de guitare acoustique aussi, plus de synthé, de nappes électroniques et de modifications rythmiques niveau basse. Une basse que l'on entend bien plus distinctement tout du long.
" Bridges " est dotée d'une nouvelle teinte groovy, " Feeding Lines " est pop-rock à souhait, la batterie de " Harlequin Dream " cadence différemment les appuis mélodiques que l'on avait. Et que dire de la superbe " Big Man ", transposée en guitare électrique/clavier chaloupé et voix qui laisse l'Astral pantois. Le nouveau son de Boy & Bear est riche et électrique.
De très vieilles chansons refont leur apparition dans la setlist, " Rabbit Song " (qui voit Dave Hosking, butter sur les premières notes d'intro, sourire aux lèvres), " Milk and Sticks " ou encore " Fall at Your Feet " pour le rappel. Encore une nouveauté pour ce groupe qui refusait de faire des rappels, préférant rester sur scène. Ils l'avouent, " désormais on a adopté l'art du rappel ". Ce sont de nouveaux hommes. De nouveaux hommes en forme, avec un nouvel album qu'ils sont fiers de pouvoir défendre. Des musiciens heureux qui ont surtout retrouvé le plaisir de jouer ensemble. Ça se voit, et ça s'entend.
En concert le 11 février 2020 aux Etoiles à Paris.Ce diaporama nécessite JavaScript.
Photos : Emma Shindo