Pas besoin d’en dire plus. 40 000 personnes par jour. 3 jours de festival aux portes de Paris. Les plus grands noms sont passées ici. Et, cerise sur le gâteau, c’est l’anniversaire des dix ans d’existence du festival. Un grand moment en perspective, surtout que nous jouons en ouverture de la grande scène à 17h. Rendez vous a NPE (notre tourneur, pour ceux qui auraient manqué les premiers épisodes) à Suresnes, juste à côté de l’hippodrome, à 10h30. C’est tôt, car le festival commence dès le début d’après midi. Le temps est juste catastrophique. N’ayons pas peur des mots, c’est carrément le déluge. J’ai sorti le ciré de marin breton. C’est de très mauvaise augure pour tout a l’heure. La guigne. On accède a l’hippodrome par une entrée « service ». Il faut montrer patte blanche et se faire remettre les pass d’accès obligatoires pour circuler librement dans le festival. Je n’imaginais pas Longchamp aussi grand. On nous dépose derrière la scène. Elle est monstrueuse. Le plan de feu est gigantesque. Les moyens mis en œuvre sont énormes. Sur le plateau, ca pète le feu. Une scène de cette ampleur mérite une équipe technique au top. Evidemment, je place mes claviers sous une des seules fuite d’eau. C’est aussi la première fois que j’utilise mon keytar. - ?- Keytar, c’est la contraction de Keyboard (clavier en français) et guitar (guitare en français). C’est donc un clavier de commande (il n’a pas de sons en interne, il pilote un autre synthé) en forme de guitare, avec une bandoulière. Cette machine permet donc à nous autres claviers de goûter aux joies du guitariste : posture arrogante, changer de place à sa guise, marquer les pêches avec le manche, pouvoir aller en devant de scène pour se la pêter…. Le rêve quoi. Seul petit défaut, je suis relié a mon synthé par un câble un poil court. C’est déjà un bon début de liberté… Balances sans histoires. Des navettes nous ramènent aux loges… 50 mètres plus loin. Par ces temps d’économie d’essence et d’énergie, c’est du propre.
Le coin loges est charmant, succession de tentes d’extérieur encadrant une allée de pelouse bordée d’arbres entre lesquels sont tendus des hamacs. Dommage qu’il pleuve. Table de ping pong, massages shiatsu, Xbox avec le jeu guitare Hero. Ce dernier monopolisera d’ailleurs une bonne partie de notre après midi, me permettant de corriger ce jeune prétentieux de Bertrand â˜ş Je dois avouer qu’on se prend vraiment pour un gratteux. Décidément, c’est le moment. Le catering est, de l’avis général, moyen, mais correct. En tout cas, l’ampleur du festival, l’organisation tentaculaire qu’il nécessite est incroyable. Je croise mon bon pote Cédric Dupin bassiste de son état, qui joue avec Brasero. Excellent groupe de rock, que je vous invite à découvrir ici. C’est toujours cool de rencontrer un autre musicien qu’on connaît sur un festival. Premièrement, ca impressionne les potes: « Waah, il connaît du monde, quand même ! » Ensuite, le pote qu’on rencontre se dit « Whaa, il est là, lui aussi » et de monter en grade dans son estime. Enfin, il y a le côté ‘romantique’ de se croiser sur la route, tels des routards de la musique, ca fait cool.
La pluie se calme et le soleil tente quelques timides incursions.Je rejoins Cécile (ma femme !) sur le festival histoire de gouter un peu a l’ambiance. Il y a des airs de Sziget, pour le monde, moins chicos que le Paleo, et moins roots que les vieilles charrues. On saisit le concept « bonnes causes » du festival en voyant les nombreux stands militants : sécurité routière, ligue contre le cancer, Info pour la conso d’eau du robinet, Solidarité SIDA bien sûr… ici, on sensibilise les gens à la bonne cause grâce au rock.
L’heure de jouer arrive. On parke les meufs a l’espace VIP (elles sont ravies). La pluie n’a plus montré le bout de son nez, et le soleil fait quelques apparitions remarquées, c’est parfait. Solidays est complet aujourd’hui, il y a donc un peu de monde. Entre 20 et 30 000 nous dira t on. C’est beau à voir. Un écran géant permet de diffuser les images captées par les cameramen de la scène et la grue qui survole le public. Patou me fera remarquer que mes bouchons d’oreilles en plastique violet, sur écran géant, c’est pas terrible, ca fait un peu star trek, pour le côté cheap des costumes. Pour un public de 17h, je dois dire que celui des solidays était plutôt pas mal. Fallait pas attendre la folie de la fête de la musique, il y a de l’alcool de retard, mais quand même, ça a bien répondu et bien bougé. Première sortie du Keytar réussie, même si les sensations n’étaient pas vraiment au rendez vous, je me suis surtout occupé a ne pas trop merder mes parties, a ne pas arracher le cable, à enlever ma cravate des touches, à virer le càble qui appuyait sur la dernière note et à me demander si je ne bougeais pas comme un con. Je kifferais plus tard. Un bon concert tout de même, 50 min au taquet sur notre plus grande scène jamais faite, c’est benef’. On croise Hocus Pocus qui joue juste après nous, renforcés des cuivres d’ Electro Deluxe. La famille, en fait. Je retourne écouter Hocus du bar VIP, excellemment placé : Petite terrasse surélevée avec vue sur la grande scène, ze place to be. Gros show des Nantais, qui mettent un bon dahoua dans le public. On resterais bien toute la soirée, mais je suis rincé et j’ai du taf pour une repet’ demain, sachant qu’on revient jouer pour le concert clôture des bénévoles super tard demain… On quitte a contrecœur l’hippodrome…