Lubrizol est "Seveso II seuil haut", en pleine ville. Seveso ? Un nuage d'herbicide contamine un morceau d'Italie, en tuant des milliers d'animaux. (Mais pas d'hommes, au moins à court terme.) Lubrizol est un grand site de production et d'entreposage avec tout ce que cela signifie de routine, et de personnels peu qualifiés, voire sous-traitants. C'est la propriété d'un fonds d'investissement, et de ses probables exigences de rentabilité à court terme. Soit une infinité de gestes banals, sous pression financière, dont chacun peut faire partir un nuage chimique, façon Syrie, en pleine ville ?
Il y a des années, j'ai rencontré un cadre de la RATP qui voulait connaître mon expérience de la gestion des risques. Dialogue de sourds. Je lui parlais de risque financier, son obsession était le risque voyageur.
Idem chez EDF, ou chez Dassault, chez les concepteurs de systèmes de pilotage d'avions. J'en déduis que la seule manière d'éviter les risques graves est par la culture. Pour les entreprises sures, la peur de l'accident est une anxiété de survie. Elle est inculquée dès l'entrée dans l'entreprise. Elle est toujours présente, toujours renforcée. Quant à la soif du gain, comme on l'a vu avec la navette Challenger, ou, actuellement, avec les accidents de 737, elle est un facteur dangereusement aggravant.
🇫🇷 5 300 tonnes de produits chimiques ont brûlé dans l’incendie de l’usine #Lubrizol à #Rouen. Près de 2000 personnes ont manifesté pour demander la vérité, un rassemblement aux allures de plaidoyer pour l'écologie et contre le capitalisme. 🎧Reportage Pierre Olivier #RFImatin 👇 pic.twitter.com/sZVJdJSIBy — RFI (@RFI) October 2, 2019