Je prends la plume pour la première fois et ai bien conscience du caractère politiquement incorrect de ce que je vais écrire ci-dessous, mais tant pis, que l’on me haïsse…
Juillet 2008 : expertise judiciaire à Roubaix pour des infiltrations d’eaux souillées en cave où je me déplace pour substituer un confrère et assurer la défense des intérêts de la personne malheureusement victime de ces infiltrations qui emplissent très régulièrement sa cave des évacuations d’évier, salle de bain et WC… des maisons avoisinantes.
Après un tour de table relativement long, puisque pas moins de 5 propriétaires de maisons mitoyennes dont celui que je représente (appelons le par commodité – sans jeu de mot aucun – mon client) sont présents, l’expert judiciaire décide d’aller constater les désordres.
Nous descendons dans la fameuse cave pour y constater … que celle-ci est parfaitement saine et qu’il n’y a donc plus d’infiltrations depuis – aux dires tout de même de mon propre client – janvier, soit 6 mois…
Je garde mon calme – je remercie d’ailleurs aux autres personnes présentes d’en avoir fait autant – et je décide, une fois l’expertise achevée, d’interroger mon client.
Précision capitale à ce stade de mon récit : je suis mandatée par un confrère qui est lui-même mandaté par la compagnie d’assurance du “client” qui intervient au titre de la protection juridique souscrite par ce dernier.
Cela signifie, en clair, que les frais d’avocat, de procédure, d’expertise judiciaire… sont réglés par la compagnie d’assurance du “client”.
Mon client me confirmant qu’il a connaissance de ce que les désordres n’existent plus depuis janvier 2008 et même de ce qui y a mis fin, je lui demande pourquoi il n’en a pas averti sa compagnie d’assurance qui a mandaté un avocat pour étudier son dossier, délivrer assignation en février 2008 et obtenir une ordonnance désignant un expert judiciaire en avril 2008.
Réponse du client qui me regarde avec un air – disons le franchement – ahuri, avec ses points sur les hanches et la mâchoire en avant :
“Bah, on ne m’a rien demandé” !!!
Ça se passe de commentaire.
Je lui demande alors s’il réalise qu’il a fait déplacer un expert judiciaire, 4 avocats, 4 experts de compagnie d’assurance pour … rien.
Pas de réponse !
Sans commentaire non plus.
Devant son air dont je sentais bien qu’il commençait à passer du stade de benêt à celui d’homme énervé par ces reproches à demi-mots, formulés par une jeune femme de surcroît, je n’ai pas “osé” lui demander s’il réalisait le coût de l’opération.
Et puis, à quoi bon ?
Je pense que, si ce Monsieur, avait dû régler les honoraires de son avocat, ceux de l’huissier qui a signifié l’assignation à 4 de ses voisins et faire l’avance des frais d’expertise (au minimum 1000 €), il y aurait certainement réfléchi à deux fois et aurait très certainement – cette fois – pensé à avertir son conseil de la fin des désordres.
Malheureusement – et c’est là que mon propos devient vraiment politiquement incorrect – ce genre de comportement se retrouve chez nombre de personnes bénéficiant d’une protection juridique, de l’aide juridictionnelle (ou de la CMU, mais il s’agit là d’une autre histoire).
Ceux qui règlent eux-mêmes les frais d’avocat, d’expertise, de procédure… n’ont souvent pas les moyens de se payer ce luxe…
N’en concluez pas que je sois contre toute forme d’aide.
Bien au contraire, je pense important, voire même indispensable, que certaines personnes puissent en bénéficier.
Mais, je suis contre l’abus.