Kitty Crowther a lu un extrait du roman de Ulf Stark, la Cavale, traduit du suédois par Alain Gnaedig, chez Pastel, et qu'elle a illustré.
L'histoire de ce petit garçon organisant la fugue de son grand-père l'a d'autant plus touchée que, si elle vit et travaille en Belgique, elle est née d’une mère suédoise et d’un père anglais. Quant à moi j'ai adoré ce roman dont la première phrase est à elle seule l'annonce de l'aventure qui va suivre : Les feuilles de l'érable devant l'hôpital avaient des reflets rouges et dorés. je regardais par la fenêtre, et je em suis dit : c'est étonnant comme les feuilles brillent si joliment juste avant de tomber.
Les loups ont été à l'honneur. Geoffroy de Pennart a imaginé un animal prétentieux, envieux et colérique, qui attire la moquerie parce qu'il est finalement un looser. La première aventure qu'il lui a fait vivre avait pour titre "Le loup est revenu". Il en reste à écrire, comme le détournement du conte du Petit Chaperon Rouge, qu'il n'a pas encore revisité.
Il dit être resté bloqué dans ses dessins aux années 50-60 qui sont celles de son enfance. La question du vêtement est dans l'air du temps et il prend plaisir à bien habiller son loup. Chacun de ses albums recèle une forte intertextualité. Il énonce une vérité très simple que l'on oublie trop souvent : l'album est un partage et il doit donc satisfaire les adultes comme les enfants. Il fait en sorte que ses livres soient lus par des adultes qui s'amusent. Du coup ils les liront bien. Et souvent.
Elle estime être elle-même née dans une famille qui ne rentre pas du tout dans les cases (sous-entendu classiques) et pas davantage que ses enfants. Elle ne renie cependant pas ce concept de "groupe" en se demandant s'il ne faut pas inventer de nouvelles catégories.
Elle détourne la chanson (pourtant pas récente) de Georges Brassens, La mauvaise réputation, qui est en sorte la base-line de son album. Elle mixte avec une simplicité, qui confine à l'art, l'écriture bâton, l'écriture manuscrite et l'écriture dessin. Le résultat est sobre, ludique, facile à lire et surtout à comprendre, y compris par de tout jeunes lecteurs, puisqu'elle est publiée dans la collection Moucheron.
Cette jeune femme qui se dit autodidacte a beaucoup de talent pur exprimer les sentiments en faisant le choix de la simplicité graphique. Ses bonhommes sont des taches de couleur qui prennent vie sous nos yeux. On a presque le sentiment qu'ils nous parlent chacun d'une voix particulière ... peut-être parce que Clémentine, qui vit avec un musicien, et qui écrit des chansons, parvient à jouer aussi avec la sonorité des mots écrits.
Elle laisse une page blanche après une dernière question, invitant le lecteur à y coucher sa propre prise de paroles.
L'illustration est de Claude K.Dubois qui s'est inspiré de photographies de l'auteure et qui a réussi à les transposer en de très jolis dessins qui peu à peu prennent vie en se chargeant de couleurs.
Il y dessine une tondeuse à gazon qui symbolise la présence des voisins comme celle de la revendication de la propriété. Quel mur l'animal érigera-il pour se protéger ? Le propos est amusant quand on sait que l'écureuil, en règle générale, et dans la "vraie" vie, ne se souvient que rarement de l'endroit où il stocke ses noisettes.
Autre sortie importante dans la maison avec le magnifique album Chaplin en Amérique de Laurent Seksik et David François, qui relate l'histoire de Charles Spencer Chaplin (né il y a 130 ans) à partir d'octobre 1912 et qui sera à suivre.