Magazine

Georges, Vigneron Centenaire

Publié le 10 mai 2008 par Champagne

Le 29 avril 1908, Georges Tarlant naît à Oeuilly à la grande joie de ses parents Louis Tarlant et Julia (née Picard) ainsi que de ses grands-parents Alexis Tarlant et sa femme Julie (née Hérault) et Jules Picard et sa femme Louise (née Carquille).

Descendant d'une déjà longue lignée de vignerons, il vit ses premières années dans une Champagne qui subit, comme tout le vignoble français, les ravages du phylloxéra.

En 1911, à peine âgé de 3 ans, ses premiers mots coïncident avec les violents maux de la Champagne de l'époque. Les maisons de négoce achetaient à un moindre coût des raisins d'autres régions de France et continuaient d'appeler leur vin Champagne. Les vignerons champenois ne peuvent plus vendre leurs récoltes et ont énormément de mal à nourrir leur famille. Louis, son père, voyait passer en bas de son village, sur la Marne, les nombreuses péniches et trains remplies de vins étrangers à destination d'Epernay. C'est ainsi que les vignerons ont appris et compris la fraude qui se mettait en place. Louis et beaucoup de vignerons de la Vallée de la Marne décident de se rassembler pour unir leur force et partent se révolter à Ay pour défendre avec ardeur et conviction leur terroir unique, c'est la "Révolution Champenoise". Les vignerons revendiquent que l'Appellation Champagne soit reconnue.

Survient entre temps 14-18, Louis part à la guerre pour plus de quatre années. En 1914, Georges, âgé de 6 ans, doit fuir Oeuilly car les allemands arrivent près d'Epernay seulement un mois après le début des combats. Avec sa mère et ses grands-parents, ils émigrent quelques temps du coté de Sézanne. En 1918, ils quittent à nouveau leur maison et se réfugie en Bourgogne. A leur retour au village, la maison est éventrée et Georges est le triste témoin des 300 soldats laissés morts à Oeuilly.

Tout jeune garçon, il travaille avec sa serpette dans les vignes pour certaines encore en foule.

A 19 ans, il rencontre sa femme Germaine, née Carbonneaux. C'est le 16 juillet 1928 qu'ils  donnent naissance à  leur fils unique, Georges.  A la même période, il doit partir pour faire son active pendant 18 mois au 403 à Toul.
Cette année  là  marque aussi la première vendange destinée à la première cuvée Tarlant. Georges et Louis furent précurseurs, en tant que vignerons, de cette évolution vers la vinification, à une époque où les premiers progrès scientifiques et techniques font leur apparition, notamment pour la maîtrise des levures de tirage.

Se succèdent  ensuite plusieurs vendanges à une époque où le Petit Meslier, le Pinot de Juillet et l'Enfumé sont encore largement répandus dans la région.

En septembre 1938, Georges est mobilisé en pleine période de vendanges en tant qu'artilleur dans la DCA, la défense aérienne. En 1940, sa compagnie se fait arrêter par les allemands à Aspach en Alsace, le 18 juin de bonne heure le matin. Ils marcheront jusque Neuf-Brisach où les allemands les cantonnent, avec avoine et feuilles de marronnier pour nourriture. Il est ensuite transféré en Bavière, à Moosburg, au Stalag VII A Baraque 21. Plusieurs années de travaux forcés dans des fermes et scieries.
Pendant ce temps, les travaux sont pris en charge par son épouse Germaine, son père Louis et son jeune fils Georges, qui doit alors ressentir les mêmes sentiments que lui presque au même âge, privé de son père parti à la grande guerre.

Il est libéré le 29 mai 1945. Avec son fils et sa femme, ils vont pouvoir commencer à remettre la maison et les vignes en état.

Le 29 avril 1950, on célèbre le mariage de son fils Georges avec Denise, née Foin, ainsi que son 42è anniversaire. La fête durera trois jours sans discontinuer jusqu'au 1er mai.
C'est à cette même période que correspond l'achat du premier tracteur agricole. Et Vedette, la jument de l'époque, continue le labour jusqu'à la fin des années 50.

Il devient grand-père en 1951 avec la naissance de Jean-Mary le 23 avril, puis de Nelly le 16 avril 1957.

Les années 60 sont marquées par l'achat des premières machines viticoles, un enjambeur Loiseau, "c'était quelque chose!". C'est à cette période que le Champagne Tarlant va connaître une période de croissance et de modernisation avec l'achat des cuves et du premier pressoir traditionnel mécanisé.

S'en suivent les premières vacances que la famille peut s'accorder, marquées par un voyage à Londres  en 1963.

Son petit-fils Jean-Mary les rejoint en 1972, Georges a alors 64 ans, et pour la première fois, trois générations de Tarlant unissent leurs forces au vignoble.

En 1974, il célèbre le mariage de Jean-Mary et Micheline, née Boiselle.
Et en 1976, naît le premier de ses arrières petits-enfants, Benoît Tarlant le 25 mars, puis sa soeur Mélanie, le 21 avril 1980. Suivent Jeremy Scialom, le 11 avril 1982, et sa soeur Sarah, le 22 mars 1986, enfants de sa petite-fille Nelly.

En 1978, Jean-Mary et son père agrandissent la cave qui vient s'accoler à l'ancestrale cave voûtée de Georges et ses aïeux. Un évènement qui témoigne de la complexe dimension du travail en commun de 3 générations, car anxieux de ces mutations, George défend avec grande force de caractère l'évolution de ces travaux qui ébranlent, notamment, les fondations de ses bâtiments.

Fier de travailler et toujours attentif à la nature, il mettra un point d'honneur à s'occuper de son ultime vigne jusqu'à ses 80 ans, surnommée naturellement "la Vigne du Grand-Père".

Avec son calendrier des PTT pour référence (le cycle des lunes y étant inscrit), il ne cessera pourtant pas de travailler la terre par la suite : avec sa femme ils bichonneront tous deux leur potager préservé au milieu des vignes pendant encore plus de 10 années.

Sa femme décède en 2000 ; et même s'il prépare ses tartes avec les fruits de son jardin, il commence à dire qu'il trouve que "le sol est bas!"

Le 27 juin 2005, Florence Bauchet et Benoît versent quelques gouttes de Champagne Cuvée Louis sur les lèvres du nouveau né : Gabriel, puis de sa soeur Anaïs le 24 Novembre 2007.
Georges devient Arrière Arrière-Grand-Père.

Son fils décède en 2006 et la vie n'a plus vraiment de goût.
Pourtant, ou plutôt malgré tout, il continue de venir goûter le moût des vendanges et les vins de l'assemblage.

Person Florence Bauchet Right click for SmartMenu shortcuts

le siècle de Georges Tarlant
Vidéo envoyée par Benoit_Tarlant


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Champagne 267 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte