Alors que le GIEC vient de publier son rapport où l’on a pu lire que quoi qu’il arrive et quoi que l’homme fasse, il ne sera plus jamais possible de revenir en arrière et de retrouver notre planète telle qu’elle était, victime des dégâts environnementaux que nous lui faisons subir. Les climatosceptiques rétorqueront que de toute façon, depuis la nuit des temps, le monde évolue et qu’une étape de plus ou de moins, n’est-ce pas normal ? La réponse des politiques, plus terre à terre, est illustrée par les propos du maire de Rouen : "On ne raye pas d'un trait de plume une usine comme ça." La vie des habitants non plus, on ne doit pas la rayer d’un trait de plume. Les propos de l’édile, au lendemain de l’incendie et alors qu’un nuage noir flottait toujours sur la ville était de faire la promotion de l’usine incriminée. Quelle maladresse et erreur de communication. Face à l’inquiétude de la population, monsieur le maire vante les qualités de l’industrie en rappelant que celle-ci"a contribué aux progrès environnementaux". Cette phrase n’est pas anodine. Celui qui s’empêtre dans des explications insensées sait déjà très bien sur quel terrain il va être attaqué, mais qu’à cela ne tienne, il s’enferre.
Ce sont les mêmes hommes et femmes qui ont passé la semaine à critiquer au mieux, injurier au pire, Greta Grunberg pour ce qu’elle dit, comment elle le dit et à qui elle le dit et qui ont oublié de lire le rapport du GIEC. Ce fameux rapport qui dit la même chose que la nouvelle égérie, mais scientifiquement. Ces hommes et ces femmes scientifiques, plus intelligents et diplômés les uns des autres n’arrivent pas à se faire entendre des politiques, n’arrivent pas à communiquer avec eux. Ces mêmes politiques qui manifestement n’arrivent pas mieux à se faire entendre d’une population de plus en plus sensible à la cause environnementale. On préfère critiquer l’adolescente qui entre temps est devenue autiste, la forme de son discours pour surtout se boucher les oreilles sur le fond. La critiquer parce qu’elle serait sous influence et instrumentaliser. Evidemment personne d’autres ne l’étant. Une impression de moins en moins vague de tourner en rond. Greta Thunberg ne donne pas l’occasion de parler seulement d’environnement et de réchauffement climatique. Elle donne aussi l’occasion de parler du regard que les hommes continuent à porter sur les femmes, du regard que ceux qui détiennent le pouvoir portent sur ceux qui se l’octroient sans leur adoubement, du regard de ceux qui pensent savoir sur ceux qui parce qu’ils sont jeunes ne peuvent pas savoir. Mais aujourd’hui ces schémas sociétaux semblent dépassés et peu d’entre nous sont prêts à l’accepter.