Le e-analphabétisme au Maroc, êtes-vous prêts pour tenter l’aventure de la e-civilisation?

Publié le 24 septembre 2012 par Mcherifi

Si on croit bien les chiffres du ministère de l’éducation nationale, 30% de la population marocaine âgée de plus de 10 ans ne sait pas lire ou écrire, c’est moche d’être dépendant de “ceux qui savent”, ceux qui liront à votre place, ceux qui écriront à votre place, ceux qui signeront à votre place. Cette dépendance chez “les gens qui ne savent pas” est chronique mais réparable..

Quant à ces “gens qui savent”, seuls 49% se connectent sur Intenet. Le réseau social Facebook demeure l’un des sites les plus visités au Maroc, suivi de Youtube, Google, Hespress et Kooora, un classement qui laisse penser qu’Internet pour les marocains est plus un outil de divertissement qu’un outil d’apprentissage, une réalité qu’on ne peut pas nier, et qui donne naissance à une nouvelle génération émergente d’analphabètes. Cette génération sait lire, écrire (avec plein de fautes), compter, mais elle reste en grande majorité “illettrée”, c’est la cause principale de l’e-misère que vit la web-sphère marocaine, moi je les appelle les e-analphabètes, ils souffrent d’e-analphabétisme, et ont une attitude remarquable:

L’attitude de l’e-analphabète:

Un e-analphabète ne sait pas ce que c’est la e-réputation, la vie privée pour lui est une blague, son mur est ouvert au grand public, il s’inscrit partout et sa boite email est inondée de courriers indésirables, il partage tout ce qui lui semble intéressant (ou pas), choquant, drôle surtout. Il entend parler de Twitter, s’y inscrit et commence à tweeter plus rapidement que son ombre, ça lui arrive souvent de dire des gros mots, Son ordinateur est toujours plus lent qu’une tortue tellement il l’étouffe d’applications, et à chaque fois que sa connexion devient lente il pense que c’est à cause des virus..

Un e-analphabète n’est jamais content, il saute sur toutes les causes et critique tout ce qui bouge, on peut d’ailleurs distinguer plusieurs niveaux d’e-analphabétisme:

  • Niveau 1 : Il a un pc, il connait seulement Internet Explorer, Paint, Solitaire et Kooora.com et passe la majorité de son e-temps sur leur forum
  • Niveau 2 : C’est le niveau 1 en plus de Facebook, il passe tout son temps à gossiper et collectionner des belles filles, Facebook lui bloque son compte, il attend quelques jours et recommence.. à perpétuité.
  • Niveau 3 : C’est le niveau 2 en plus des moyens de distractions (jeux vidéos, streaming, et films porno).
  • Niveau 4 : Utilise son pc juste pour le boulot, les emails professionnels et word/excel.
  • Niveau 5 : Il a entendu parlé de Twitter, il ne l’a pas compris, mais il tweete plus rapidement que son ombre pour se faire un maximum de followers.

Cette liste n’est pas exhaustive, mais voici des phénomènes qui reflètent la croissance du taux d’e-analphabétisme au Maroc:

La e-connerie des réseaux sociaux:

Tu veux être mon ami?
Commençant par l’ajout à la liste d’amis sur Facebook, il est tout à fait normal que tu reçois une invitation d’ajout d’une personne que tu ne connais pas, et qui ne prend pas la peine de t’envoyer un message expliquant la raison de son ajout. Tu ne comprends pas! Tu décides alors d’activer les abonnements à ton compte mais en vain, tu continues à en recevoir..

L’e-amitié de Facebook est un concept complétement corrompu, c’est inutile de faire le rapprochement avec la vraie amitié, merci de n’ajouter que ceux que vous connaissez déjà.

Les fausses causes et les gens révolutionnaires
Les événements qu’a vécu la région MENA et la signification qui se donne actuellement à la révolution est mal interprétée, cela nuit gravement au concept de ce droit. Déguiser une cause qui manque d’objectivité au nom de l’islam, aussi débile qu’elle soit, est le meilleur moyen pour que des milliers de personnes y adhérent sans modération, je cite par exemple l’appel demandant à boycotter Google et Youtube pour avoir refuser de supprimer les vidéos anti-islam. résultat: un rassemblement pour une bonne cause, qui se transforme en charabia, et risque d’avoir des répercussions majeures sur la stabilité de la région.

L’utilisation des réseaux sociaux a vachement augmenté à partir du moment où les gens ont commencé à lire et entendre dire que tout a commencé sur Internet. C’est là que les marocains se sont un peu rendu compte qu’Internet pouvait servir à quelque chose ( comme l’UECSE ) par exemple. Mais l’e-analphabétisme dans le volet du printemps arabe c’est la naïveté des utilisateurs, et du coup les réseaux sociaux ont pris une dimension qui n’est pas la leur, et surtout une dimension qu’ils ne peuvent pas assumer. Tout le monde a commencé à penser et à croire qu’on pouvait faire la révolution sur Facebook et Twitter, du coup la révolution RESTE sur FB et Twitter et aboutit rarement à la réalité qu’est la rue.

En réalité pour les marocains Facebook n’est pas un réseau social, le cas du maroc est unique, facebook a muté. Une mutation qui a affecté la société marocaine: Aujourd’hui l’amitié n’est plus la même, la vie du couple n’est plus la même, la connerie n’est plus la même, la société marocaine s’est métamorphosée, elle a adapté facebook à son propre mode de vie. Un mode de vie qui nous ouvre les yeux sur le mauvais usage que font les marocains de la technologie.

Les tweets massifs et la course aux followers:
L’e-analphabétisme est flagrant sur Twitter. Les gens ne semblent pas comprendre que les 140 caractères sont faits pour être bref et relayer une information. On dirait que Twitter au Maroc est une sorte de mIRC des temps modernes, une TL, et une room de chat qui s’appelle #twittoma, un café à la marocaine où les égos se pavanent. Et c’est la course aux followers aussi.

Dans la #twittoma d’aujourd’hui: la quantité au dépourvu de la qualité, des twittos qui ont plus de 6000 followers et qui twittent de façon immature, plus rapidement que leur ombre, et des twittos respectables, et au contenu vraiment intéressant, mais qui n’arrivent même pas aux 500 followers parce que; bon “ils ne sont pas populaires”.

La course à la popularité pousse les gens à faire des choses qui sont totalement folles.

F**k me i’m e-Famous
Un phénomène très spécial qui devient de plus en plus flagrant, ce sont les personnes qui créent des pages portant leur nom: “Bogoss XYZ Officiel”, “Bogossa JMKHEUQXQF original”, mais ces gens n’ont pas conscience que le net est public? beaucoup des facebookeurs marocains sont des fanatiques de gossiping, ils n’hésitent pas à faire leur conquérant du web en choisissant de voler des photos et insulter toute personne qu’ils jugent contraire à leur morale et à leur pseudo code.

Les arabisants et le mépris des langues étrangères:

L’expérience a prouvé que la majorité des marocains préfèrent lire les news en arabe, Hespress en est la preuve vivante, d’ailleurs des vieux portails comme Menara l’ont compris et ont fait de l’arabe la langue principale de leur nouvelle version.

Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les gens méprisent les langues étrangères? Est-ce le fait de croire que nos valeurs sont universelles? Pourquoi à chaque fois que je vois une intervention, au lieu de commenter le contenu les gens commentent l’usage des langues étrangères? Se contenter d’un seul langage, n’est-ce pas limiter ses connaissances et son ouverture d’esprit?.

Que ce soit l’anglais ou le français ou bien l’espagnol, l’apprentissage d’une nouvelle langue est la meilleure façon pour découvrir une nouvelle culture et voir le monde d’un nouvel œil sans avoir recours à la traduction!

Et la e-civilisation?

Dans un e-pays, il y a un e-gouvernement et des e-citoyens…tous œuvrent pour le bien commun de la e-communauté (ou presque). Ils ont adopté une e-démocratie où les e-citoyens élisent leurs e-représentants selon les dispositions légales définie par une e-constitution. L’économie de cette e-nation est basée sur le e-troc et le e-marché…celui qui enfreint à la loi de la e-communauté est traduit devant la e-justice qui, dans les cas extrêmes, peut le condamner à la peine capitale: “le bannissement de la e-communauté”!!

La e-société marocaine est une projection de la vraie société marocaine, les e-analphabètes ont aussi besoin d’un programme de lutte contre l’e-analphabétisme, c’est à cause d’eux qu’on a des portails (pour ne pas dire presse électronique) qui publient des futilités et fausses rumeurs, des internautes qui la diffusent sans vérifier, et bienvenue la désinformation..

Mes co-e-citoyens, êtes-vous prêts pour tenter l’aventure de la e-civilisation?