Si la confiance en soi est l’un des traits essentiels nécessaires au fonctionnement de l’être humain autonome et social, peu d’études ont regardé précisément ses corrélations avec la personnalité, le comportement, l’humeur et finalement la qualité de vie. Ce petit examen de la littérature confirme que la confiance en soi est une condition nécessaire de l’autonomie, mais également un facilitateur de la relation à l’autre, au partenaire, aux autres et à la communauté sociale. Confiance en soi et confiance en les autres s’avèrent ainsi indissociables et nécessaires au bien-être de l’être social. En permettant de transcender les conflits personnels et interpersonnels, la confiance en soi apparaît même un préalable à la sagesse. Mais attention, la confiance en soi est nécessaire mais pas suffisante au sentiment de bonheur.
Cultiver la confiance en soi est l’une des clés du bonheur, mais pas la seule ! Pour la restaurer, il existe des interventions de développement personnel qui envisagent le sujet dans sa globalité, et qui ont fait leurs preuves.
La confiance a été définie de différentes manières, dans la littérature, par les scientifiques du comportement mais n’a pas fait l’objet d’une recherche très approfondie. L’American Psychological Association (APA) définit la confiance en soi (self-confidence) comme une assurance du sujet sur ses capacités, ses expertises et son jugement. Sur un plan plus pratique, c’est « la conviction que l'on est capable de répondre avec succès aux exigences d'une tâche ». L’APA ajoute que généralement considérée comme une attitude positive, son développement est un objectif majeur en psychothérapie. Plusieurs études ont documenté comment la confiance en soi était corrélée à de nombreux traits positifs, avec de rares réserves cependant, lorsqu’elle échappe, parfois, à la maîtrise de soi.
La confiance en soi participe mais ne suffit pas au bonheur
Parmi les corrélations positives, on retiendra que :
La confiance en soi est nécessaire à l’autonomie : La confiance en soi est documentée (1) comme une condition nécessaire de l'autonomie personnelle et du respect de soi. Elle implique une vision positive de ses motivations et de ses compétences, une volonté de dépendre de soi-même mais aussi une acceptation de sa vulnérabilité. Elle est donc essentielle au fonctionnement autonome de l’être humain.
La confiance en soi est un fondement de la raison, de la connaissance et de la sagesse : le philosophe Keith Lehrer, professeur émérite à l'université d'Arizona et de Miami situe la confiance en soi à la base des principaux aspects de la condition humaine et de son « ascension fondamentale » vers la raison, la connaissance, la sagesse, mais aussi l’autonomie, l’amour, le consensus et la conscience. Sa doctrine est fondée sur trois préalables, la capacité de l’Homme à considérer et évaluer ses croyances et ses désirs en résolvant ses conflits personnels, savoir accepter ou préférer, et poursuivre cette démarche en toute fiabilité. La confiance en soi apparaît à la base de la fiabilité, sur laquelle la raison, la connaissance et la sagesse sont fondées (2).
Sans confiance en soi point de bien-être social : la confiance en soi et l'estime de soi sont également décrites comme des facteurs prédictifs de la sociabilité et la « citoyenneté » (3). Les résultats montrent que l’estime de soi et la confiance en les autres sont en effet fortement corrélées à un comportement social et citoyen.
La confiance en soi favorise à la fois optimisme et résilience : une autre étude (4) confirme les corrélations entre confiance en soi, confiance sociale et résilience, optimisme et satisfaction dans la relation au travail. L’étude confirme que l’estime de soi, la résilience et la confiance sociale sont des médiateurs de la relation entre optimisme et satisfaction au travail. La confiance en soi et sociale s’avère ainsi essentielle à la réussite (5) : elle apparaît liée à l’optimisme, renforce le courage et trace la voie du succès.
Une confiance en soi mal maîtrisée comporte des risques, celui, en particulier de communiquer trop largement sa détresse émotionnelle : les personnes ayant confiance en elles-mêmes sont en général plus expressives, elles se dévoilent car elles croient que les autres les aiment et ne les rejetteront pas. Une étude (6) décrit une forme d’expression de soi particulièrement intime et « dangereuse », la divulgation de la détresse émotionnelle. Un trait qui peut être néfaste et risqué lorsque l’autre est un proche, voire le partenaire intime. Car si l’expression de nos pensées et de nos sentiments les plus profonds est essentielle au développement de l’intimité, elle induit le risque d’une évaluation négative et d’un rejet.
On en vient alors tout naturellement à la confiance en soi et en « l’amour » : confiance en soi, confiance en l’amour et bienveillance du partenaire, constituent comme un cercle vertueux (7). Le sentiment de confiance en soi est prédictif de la confiance en l’autre et la confiance confère le sentiment de sécurité nécessaire pour « rejoindre » son partenaire intime. Les personnes qui souffrent d’un déficit de confiance de soi hésitent à aborder les problèmes d'une relation, car elles craignent le rejet ou la séparation. Or, « en cas de désaccord grave dans une relation, le fait de ne pas résoudre ce problème peut être destructeur » (7).
Alors la confiance en soi est-elle nécessaire au bonheur ou le bonheur à la confiance en soi ? Selon différentes recherches, les gens confiants déclarent des niveaux plus élevés de bien-être. Cependant les facteurs qui participent au bonheur et ceux qui participent à la confiance en soi ne sont pas nécessairement liés les uns aux autres, à l’exception du sentiment d’optimisme (8). Il existe des individus heureux avec une confiance en soi élevée ou bien faible et des individus malheureux avec, également différents niveaux de confiance en soi. En pratique, il peut arriver que des personnes à niveaux élevés de confiance en soi éprouvent le mal-être de ne pas avoir accompli leurs objectifs de vie.
Ainsi, se sentir optimiste et être entouré restent les principaux prédicteurs du bonheur, en particulier chez les plus âgés. Le bonheur n'est donc pas un trait qui implique la confiance en soi et au bonheur la confiance en soi ne suffit pas.
Biblio:
- Hypatia 1993 DOI : 10.1111/j.1527-2001.1993.tb00630.x Self‐Trust, Autonomy, and Self‐Esteem
- Oxford Scholarship Online 2011 DOI:10.1093/acprof:oso/9780198236658.001.0001 Self-Trust: A Study of Reason, Knowledge, and Autonomy (Keith Lehrer, University of Arizona, Tucson)
- Journal of Organizational Behavior 1998 Collectivism, propensity to trust andself-esteem as predictors of organizational citizenship in a non-work setting
- Journal of Psychology 1978 DOI : 10.1080/00223980.1978.9921447 Some Correlates of Trust
- Pakistan Journal of Psychological Research 2017 Self-esteem, Resilience, and Social Trust as Mediators in the Relationship between Optimism and Job Satisfaction: A Preliminary Analysis of Data from European Social Survey
- Journal of Personality and Social Psychology Jul 2017 Dispositional pathways to trust: Self-esteem and agreeableness interact to predict trust and negative emotional disclosure.
- UWSpaceUniversity of Waterloo 2015 Effects of Self-Esteem and Agreeableness on Trust and Negative Emotional Disclosure (Megan McCarthy)
- American Psychological Association 2004 Happiness and Self-Esteem: Can One Exist without the Other?