Là tout de suite, comme ça, si on vous dit "viens, on va découvrir Cergy", ça ne vous fait pas rêver. Et pour cause : on imagine la pollution, le nord de Paris, les cités, le béton, le bitume et zéro nature autour. Et on ne peut pas dire qu'on ne soit pas largement dans le vrai. Les connaisseurs frémiront au seul nom de Saint Christophe, ville moderne, mais pas vraiment séduisante. Disons, peu adaptée à une partie de campagne. Là où on est dans l'erreur la plus totale, c'est quand on considère la région parisienne, péjorativement appelée la "banlieue", comme un ensemble cohérent de laideur et de crasse. Il est vrai que certains quartiers ne sont pas très tentants. Or, il existe aussi, à quelques minutes en transports en commun de la capitale, des coins merveilleux. Et je pèse mes mots. Des forêts, des fleuves, des collines, des villages, des fermes. Port Cergy est l'un de ces coins là.
J'ai habité pendant 10 ans autour de / dans Paris, dont plusieurs années à quelques kilomètres seulement de Cergy, et je n'y avais jamais mis les pieds. Les a priori, sans aucun doute. Nous avons réparé cela il y a quelques temps, à l'occasion d'une pause pique-nique improvisée sur l'un de nos trajets variés et multiples. On a mis le doigt sur la carte, l'emplacement nous convenait. Il se situait pile au moment du déjeuner. Il y avait de l'eau. Il y avait du vert. On s'est garé. Et nous voilà partis au bord de l'Oise, rivière moins connue que la Seine (qui d'ailleurs est un fleuve dans lequel elle se jette) mais qui possède tout autant de charme. Bordée d'arbres, elle est un lieu idéal de promenade et de décompression, un endroit nécessaire dans les vies grises et agitées des parisiens débordés. Et c'est en suivant l'Oise que l'on arrive à Port Cergy, enclave chic et colorée sur le bassin de laquelle stationnent des bateaux qui n'ont rien de modestes. On y voit des yachts de passage assez fantastiques, mais également des bateaux qui stationnent dans le port de plaisance pour une durée plus longue. On a connu des lieux de vie plus pitoyables. Les immeubles qui entourent le bassin sont neufs, colorés à l'italienne, ce qui donne un petit air de Méditerranée à ce bout de capitale. Il paraît que les bars sont charmants et que le quartier est vivant. On veut bien le croire. Nous, on a juste posé nos fesses sur l'herbe, observé la vie qui s'échappait des fenêtres ouvertes, croisé un héron et considéré que vivre ici ne devait pas être si affreux que cela. Bien sûr, on ne peut ignorer que l'autoroute n'est pas loin et que la grisaille, dès le premier pas fait à l'extérieur de Port Cergy, reprend le dessus. D'ailleurs, nous, profondément ruraux, on ne pourrait pas supporter cette proximité. Mais si l'on fait abstraction des inconvénients et si l'on considère le lieu juste pour ce qu'il est, c'est un endroit très joli. D'autant plus qu'en allant vers le centre, vers Cergy Village, notre impression se confirme. Nous sommes séduits par l'église aux pierres solides et à la très belle architecture, qui rappelle qu'avant d'être la grande ville que nous connaissons, Cergy était une modeste paroisse dont le centre ancien conserve encore les vestiges.
Nous ne le répéterons jamais assez : la beauté ne se trouve pas au bout du monde, elle est là où notre regard la voit, très loin, ou tout près.