En vérité, je ne suis pas toute seule dans ma tête…
Je pense qu’on est même une bonne quinzaine.
Pour faire un très rapide tour d’horizon, je suis une pétasse intellectuelle libérée de toute considération matérielle, qui adore les beaux objets, vivre sainement et picoler toute la nuit, qui déteste les surprises mais adore qu’on la surprenne, qui possède une armoire remplie d’escarpins vertigineux mais ne porte que ses vieilles converse trouées, qui est d’une sensibilité abusive et d’une dureté redoutable (le tout fourni sans mode d’emploi)…
Il n’est pas rare de m’entendre prononcer de longues phrases où les personnalités se suivent et ne se ressemblent pas. « Putain, t’en as pas marre de t’épiler les guiboles toi? Les poils ca sert à quelque chose, après on va se plaindre qu’on se les gèle, oh mais merde il n’a qu’à s’habituer, il va quand même devoir arrêter de faire sa mijaurée un jour et… OOOOOOOOOOOh regaaaaaaaaaaaarde… du vernis à paillettes (clignement ému d’extension de cils (d’ailleurs je me demande si mes extensions de cils sentent le tabac. Du coup j’aurais l’œil qui pue?????)) ».
Bref, d’habitude pour éviter les problèmes, je laisse toutes mes habitantes s’exprimer librement.
On vit tranquilles, en paix, un exemple de communauté épanouie. Mais la décision d’arrêter de fumer, j’ai du la prendre à la majorité, pas à l’unanimité… Il n’y a pas le choix, je dois en brimer certaines.
Et là, sous mes yeux ébahis (mes yeux qui puent???? Tu suis toujours ???), le débat fait rage, la rébellion gronde… La cradasse attrape la proprette par les cheveux, la fataliste hurle qu’ « on doit quand même bien mourir de quelque chose bordel ! On va pas commencer à tout régenter comme les psychorigides », la psychorigide le prend vraiment pas bien, GI Jane met un high kick à Barbie, la grunge se fout largement de la tronche de la bio, ça discute, ça négocie, je m’entends plus penser, je souffre!!!!!
Je ne me sens plus vraiment moi même, plus entière, plus unifiée. J’ai comme un sentiment d’être un traitre… Et d’avoir été profondément trahie.
Pour l’instant, je ressens cette sensation d’Etats pas Unis, et c’est ce que je vis de plus difficile dans ma jolie démarche.
source photo : »united states of tara ». dexigner.com