Emily Dickinson – En imperceptible Chagrin…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

En imperceptible Chagrin
L’Eté s’est évanoui –
Trop imperceptible, à la fin,
Pour sembler perfidie –

Une tranquillité s’est distillée
Comme si se levait un long Demi-jour,
Ou si la Nature passait avec elle-même
Un après-midi cloîtrée –

Le Soir tombait plus tôt
Le matin scintillait en étranger –
Une Grâce courtoise, et pourtant tourmentée,
Comme un invité en partance –

Et donc, sans une Aile
Ni l’aide d’une Quille
Notre été s’est doucement échappé
Au coeur de la beauté.

*

As imperceptibly as Grief
The Summer lapsed away—
Too imperceptible at last
To seem like Perfidy—

A Quietness distilled
As Twilight long begun,
Or Nature spending with herself
Sequestered Afternoon—

The Dusk drew earlier in—
The Morning foreign shone—
A courteous, yet harrowing Grace,
As Guest, that would be gone—

And thus, without a Wing
Or service of a Keel
Our Summer made her light escape
Into the Beautiful.

***

Emily Dickinson (1830–1886) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Zéno Bianu.