Cesser de fumer est bien évidemment associé à un risque moins élevé de maladie cardiovasculaire, confirme cette étude de l’Université Vanderbilt (Nashville) qui estime cette réduction à près de 40% chez les fumeurs qui fumaient 20 paquets par an au moins et qui se sont arrêtés depuis 5 ans. Des données présentées dans le Journal de l'American Medical Association (JAMA) qui remettent également en question le calculateur actuel du risque de maladie cardiovasculaire ou d'athérosclérose. Car 5 années d’arrêt c'est bien, ùmais ça ne suffit pas à « retrouver » totalement sa santé cardiovasculaire.
Il faudra 10 ans, dans la plupart des cas, voire 25 ans pour retrouver un niveau de risque de maladie cardiovasculaire aussi faible que celui d'une personne du même âge qui n'a jamais fumé. L'auteur principal, Meredith Duncan, qui a dirigé cette analyse, s’inscrit donc en faux contre le marqueur de risque le plus utilisé en pratique clinique, l'athérosclérose, qui aboutit d’ailleurs à un risque chez les anciens fumeurs après 5 ans d’arrêt, similaire à celui des personnes n'ayant jamais fumé. En effet, son étude suggère qu’il n’en est rien.
Il faudra jusqu’à 25 ans d’arrêt total du tabac pour retrouver totalement sa santé cardiovasculaire
Il s’agit ici d’une analyse des données de la Framingham Heart Study, une étude longitudinale débutée en 1948 et qui inclut désormais les enfants et les petits-enfants des premiers participants. L'étude a porté sur les données prospectives de 1954 à 2014. L’objectif était de déterminer l'effet du tabagisme au cours de la vie et de l'abandon du tabac sur le risque de MCV, dont l'infarctus du myocarde, l'AVC et l’insuffisance cardiaque. La Framingham Heart Study est une cohorte connue qui fournit des données particulièrement fiables sur les antécédents de tabagisme au cours de la vie.
L’étude aboutit à plusieurs conclusions marquantes :
Précisément, l’analyse est menée sur les données de 8.770 participants, (dont 3.805 issus de la cohorte initiale et 4965 de la cohorte des enfants) avec un âge moyen de 42 ans et suivis en moyenne durant 26 ans. Parmi les participants 5.308 étaient fumeurs, 2.371 des gros fumeurs. 2.435 événements cardiovasculaires ont été recensés, 1612 dans la cohorte initiale dont 665 chez les gros fumeurs et 823 dans la cohorte des enfants dont 430 chez les gros fumeurs.
L’analyse des données des 2 cohortes montre que vs un tabagisme actuel, cesser de fumer dans les 5 ans est associé à des taux beaucoup plus faibles de MCV : l’incidence des événements cardiovasculaires/1.000 années-personnes s’élève à :
- chez les fumeurs actuels : 11,56
- chez les participants ayant cessé de fumer dans les 5 ans : 6,94
- soit une réduction du risque de 39%
- Par rapport au fait de ne jamais fumer, cesser de fumer cesse d’être associé de manière significative à un risque plus élevé de MCV, entre 10 et 15 ans après l’arrêt du tabac.
Aux Etats-Unis, lieu de l’étude, le tabagisme est responsable de 20% des décès par maladie cardiovasculaire. Ce résultat est très probablement généralisable aux autres pays ayant les mêmes niveaux de consommation tabagique ;
le système cardiovasculaire commence à guérir assez rapidement après l’arrêt du tabac, même chez les personnes qui ont beaucoup fumé et depuis des dizaines d’années. Mais le rétablissement complet peut prendre des années !
Source: JAMA August 20, 2019 doi:10.1001/jama.2019.10298 Association of Smoking Cessation With Subsequent Risk of Cardiovascular Disease
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Équipe de rédaction Santélog Sep 25, 2019Rédaction Santé log