Grâce à l'ouverture des systèmes imposée par la deuxième directive de paiement (DSP2), et, plus spécifiquement, son volet consacré à l'initiation de paiement, le nouveau service « Pay by Bank Transfer » offrira aux e-commerçants, d'ici à la fin de cette année, une alternative efficace, sécurisée et quasi-universelle aux options classiques de paiement sur la toile, dont la plus répandue à ce jour est naturellement la carte. Une poignée de grandes enseignes britanniques ont déjà signé pour son implémentation.
Le consommateur qui choisit ce mode de règlement lors de la validation de son panier se verra d'abord présenter une liste de banques parmi lesquelles il sélectionnera l'établissement dans lequel il détient le compte à débiter. Il sera ensuite redirigé vers le site web de ce dernier, où il devra s'identifier et s'authentifier de manière à confirmer la transaction en cours, par l'intermédiaire de l'interface exigée par la réglementation.
American Express met en avant quelques avantages spécifiques de cette solution, autant pour les marchands que pour leurs clients. Les premiers bénéficieront notamment de transferts instantanés sur leurs comptes bancaires, tandis que les seconds profiteront d'une expérience optimisée, leur évitant de devoir rechercher les informations de leur carte (mais leur imposant de connaître leurs identifiants d'accès à la banque en ligne) et leur donnant un aperçu du solde disponible avant de confirmer leur paiement.
Les tentatives de ce genre ne datent pas d'hier, sans jamais rencontrer le succès. Cependant, la donne a aujourd'hui changé, car la DSP2 permet de lever (au moins) deux obstacles à la viabilité du concept. D'une part, l'obligation pour les institutions financières de mettre à disposition un service de paiement par API facilite la mise en œuvre d'un système fonctionnant en temps réel, quel que soit le teneur de compte de l'utilisateur.
D'autre part, les contraintes de sécurité qui s'appliquent maintenant aux paiements en ligne – avec l'obligation presque systématique de recourir à une authentification à deux facteurs, surtout pour des montants relativement élevés – tendent à réduire l'écart de confort entre l'utilisation d'une carte et la validation d'un mouvement bancaire, les frictions des parcours devenant similaires dans les deux cas – du moins tant qu'aucun progrès ne sera enregistré d'un côté ou de l'autre en matière d'expérience client.
Bien qu'il soit aisé de comprendre pourquoi AmEx et ses consœurs, pressentant le risque de désaffection de la carte, cherchent à se positionner sur l'approche susceptible de prendre l'ascendant, leur légitimité paraît précaire. Les généralistes du paiement en ligne (PayPal, Stripe…) ou encore les banques seraient certainement mieux placés. À moins que la réactivité ne soit la clé : hormis quelques cas isolés, les solutions opérationnelles sont rares et les premiers arrivés parviendront peut-être à tirer leur épingle du jeu…