C’est Seth Godin qui pose cette question provocatrice… et qui y répond dans son dernier ouvrage « C’est ça le marketing ». Nous le constatons autour de nous, le marketing génère des réactions contrastées, entre la fascination et le dégoût : Les filières de marketing continuent d’attirer beaucoup de jeunes bacheliers et ce métier a pris une toute nouvelle dimension avec l’utilisation des big data. Mais les consommateurs se sentent parfois manipulés et poussés à des achats dont ils auraient pu se passer.
Alors, que faut-il penser du marketing ? Seth Godin nous livre sa réflexion :
« Le marketing est-il diabolique ?
Si vous y consacrez le temps et l’argent qu’il faut (et si vous êtes compétent), vous pouvez raconter une histoire qui se propagera, influencera une audience et changera les comportements. Le marketing peut pousser à acheter des choses qu’on n’aurait pas achetées s’il n’y avait pas eu de marketing, voter pour une personne qu’on n’aurait pas considérée et soutenir un organisme qui, sans lui, nous serait resté invisible.
Si le marketing ne marchait pas, beaucoup parmi nous gaspilleraient leur énergie (et leur argent). Mais le marketing marche. Alors qu’est-ce qui le rend diabolique ?Dans un article à propos de mon blog publié par Time Magazine, l’auteur avait écrit ironiquement : « Le marketing est-il diabolique ? Compte tenu de ma longue carrière, je dois répondre “oui”. »
En fait, je me dois d’amender ce que disait cet expert. J’ajouterais ceci : « Les marketeurs sont-ils diaboliques ? Comme tenu de ma longue carrière, je dois répondre “certains d’entre eux”. »
Je pense qu’il est diabolique de persuader des enfants de fumer, de manipuler cyniquement le processus électoral ou politique, de mentir aux gens au point de créer des effets indésirables. Je pense qu’il est diabolique de vendre une potion inefficace quand un médicament qui marche est disponible. Je pense qu’il est diabolique de créer de nouvelles façons de rendre acceptable le fait de fumer juste pour gagner quelques dollars de plus.
Le marketing est beau lorsqu’il persuade les gens de se faire vacciner contre la polio ou de se laver les mains avant de pratiquer une opération chirurgicale. Le marketing est puissant quand il vend un produit qui procure plus de joie ou de productivité à qui l’a acheté. Le marketing est magique quand il fait élire une personne qui apporte des changements positifs à la communauté. Depuis son invention par Josiah Wedgwood[1], il y a quelques siècles, le marketing a permis d’accroître productivité et richesse.
J’ai le culot de vous dire que ce que vous faites pourrait être immoral. Il est immoral de cambrioler la maison de quelqu’un et de la réduire en cendres, mais est-il immoral de la vendre après une saisie ? Bref, si le marketing marche, s’il vaut le temps et l’argent que nous y consacrons, je ne pense pas qu’il importe vraiment si « vous ne faites que votre boulot ». Ce n’est jamais bien.
Comme toujours lorsqu’on a un outil puissant à sa disposition, l’impact vient de l’artisan, non de l’outil. Le marketing a plus de portée, plus de vitesse que jamais. Avec moins d’argent, vous pouvez avoir plus d’impact que tout ce qu’on pouvait imaginer il y a seulement dix ans. La question, celle que j’espère que vous vous posez, est celle-ci : « Qu’allez-vous faire de cet impact ?»
Nous avons tous quelque chose à vendre : un produit, un projet, une idée ou nos compétences qu’il nous faut vendre à des clients, des collègues, un recruteur ou encore nos proches. Alors qu’il existe désormais de nombreux outils en ligne gratuits ou peu chers qui facilitent ces démarches de vente et de marketing, comment pouvez-vous avoir plus d’impact et pour reprendre la question de Seth Godin, qu’allez-vous faire de cet impact ?
[1]Il s’agit de l’industriel britannique à l’origine d’une célèbre marque de porcelaine qui existe toujours. Pour plus d’information : http://fr.wikipedia.org/wiki/Josiah_Wedgwood