Deux ans après le fascinant The Lost City of Z, James Gray nous revient avec Ad Astra, un film de science-fiction bien différent de son œuvre précédente, mais avec laquelle il partage pourtant de nombreux thèmes communs. Difficile effectivement de ne pas faire de parallèle entre le désir farouche d’exploration des deux personnages, l’extrême solitude qui en découle ou la vision héroïque de la figure paternelle. Cela étant, les choix d’écriture, de narration, de montage ou encore de mise en scène du cinéaste américain en font à l’arrivée un long-métrage tout à fait singulier. Un exploit de taille pour un genre aussi référencé que la science-fiction. Il faut dire que le réalisateur a la bonne idée de ne jamais s’abandonner aux codes attendus, préférant au contraire tracer sa propre route, sans pour autant renier l’héritage dont il est issu. Ainsi, si le film profite, bien entendu, de la superbe odyssée spatiale de son héros pour nous gratifier de plans somptueux et de profondes introspections, il nous offre aussi des fulgurances inattendues. A l’image par exemple de cette course-poursuite lunaire complètement folle ou de cette attaque bestiale digne d’un film d’horreur. Autant d’éléments qui confèrent à l’œuvre une originalité diablement réjouissante.
Véritable film d’ambiance, Ad Astra déroule son intrigue avec parcimonie, au rythme des découvertes de son héros. Totalement impassible au départ, ce dernier ne cesse effectivement de se dévoiler, laissant progressivement poindre une vulnérabilité touchante. Un voyage émotionnel intense et mélancolique que l’interprétation subtile de Brad Pitt nous fait parfaitement ressentir. Une nouvelle fois irréprochable, l’acteur américain délivre en effet une performance extrêmement solide, à la fois sobre et habitée. On regrettera peut-être toutefois la voix-off omniprésente qui l’accompagne. Si celle-ci présente l’avantage de renforcer le côté monolithique du personnage, elle a aussi l’inconvénient de surligner inutilement ce que les images expriment déjà sans difficulté. Au rayon des mauvais points, on notera aussi l’écriture quelque peu laborieuse du dernier acte, certains éléments importants de l’intrigue ne trouvant aucun écho significatif lors du dénouement final. Un défaut mineur, néanmoins, puisque cela permet paradoxalement au final d’emprunter une trajectoire plus sensorielle, apportant une conclusion satisfaisante au parcours intérieur du personnage, et surtout un rayonnement psychologique dépassant largement le cadre du récit.Pour sa première incursion dans la science-fiction, James Gray livre donc une odyssée spatiale profondément singulière, respectant les codes du genre tout en traçant sa propre route. Terriblement intimiste, le long-métrage séduit surtout par l’élégance de ses plans et la portée émotionnelle de son propos. Mention spéciale à Brad Pitt, une nouvelle fois impressionnant !