aux fissures mon œil collé
n’aperçoit rien du Tout
chaque fois que j’empoigne une feuille je la troue
chaque fois que j’observe ça clignote
vais-je tomber en l’air
comme ils le font les uns après les autres ?
le désir gode à mes lèvres
que je me garde de souligner de circonscrire
les vecteurs à sirop se cisaillent d’eux-mêmes
laisse tomber me dis-je la mort est en route
c’est pas marle de tant pleurer
dans un autre récipient
transvase ton angoisse
énorme fluide doré dont pointent des échardes
avec un bruit qui fait l’ascension de la trachée
comme un chat noyé
comme un chien empoisonné
moi qui aimais tant la raison
j’ai dû opter pour la folie.
***
Thérèse Plantier (1911-1990) – La Portentule suivi de Mémoires inférieurs (Saint-Germain-des-Prés, 1978)