Jean Detrez, le narrateur, travaille sur l'avenir à la Commission européenne, au sein du Centre commun de recherche. Il est le fils de Jean-Yves Detrez, ex Commissaire européen à la recherche. Tel père, tel fils…
Dans le cadre de son travail, il s'intéresse notamment à la blockchain - un immense registre anonyme et infalsifiable -, qui est associée dans le public au bitcoin, mais qui a bien d'autres applications.
A l'automne 2016, il présente au Parlement européen un rapport d'une cinquantaine de pages sur les perspectives d'avenir de la blockchain. A la suite de cette présentation il est approché par des lobbyistes.
Ces lobbyistes sont intéressés par l'annonce qu'il a faite au cours de son intervention sur la nécessité de développer une technologie blockchain européenne autonome, car c'est un enjeu géopolitique majeur.
En effet ils se proposent de servir d'intermédiaires entre clients européens et asiatiques à même de fournir une blockchain cent pour cent européenne, et qui plus est, exclusivement développée sur le continent.
En principe Jean Detrez ne doit pas entretenir de relations non déclarées avec des lobbyistes. Il le fait pourtant en se gardant bien toutefois de s'engager formellement et en refusant tout avantage.
Lors d'une de ces rencontres au Sofitel, l'un de ses interlocuteurs perd, ou oublie volontairement, La clé USB qui donne son titre au récit. En la parcourant l'intérêt de Jean pour les lobbyistes est aiguisé.
En effet il tombe entre autres sur le prototype d'une machine à miner dont il n'a jamais entendu parler et surtout sur la possibilité d'une porte dérobée qui permettrait de contrôler la machine à distance.
Cela amène le narrateur à prendre des risques pour vérifier cette hypothèse et à devenir parano parce qu'il a le sentiment que l'on sait qu'il sait quelque chose et que, du coup, il est surveillé en permanence.
En apparence il s'agit d'une simple transaction commerciale entre une société bulgare, sollicitant des aides au développement de l'Union Européenne, et une société chinoise fabriquant du matériel de minage.
Mais, raconte Detrez, je me rendais compte que, en réalité, tous les acteurs de cette transaction étaient à des degrés divers, indélicats, si ce n'est malhonnêtes. Il a donc vite le pressentiment d'un désastre.
Cet expert de l'avenir ne l'est pas du sien. Au début du récit, il en est bien conscient. A la fin, face au désastre, s'il observe que c'est émouvant, il n'éprouve pas ça vraiment et ne peut donc exprimer d'émotions.
Francis Richard
La clé USB, Jean-Philippe Toussaint, 192 pages, Les Editions de Minuit
Livres précédents:
Football (2015)
Nue (2013)