Pour condamner ce type de violence, en automne 2018, une amende d'au moins 90 euros a commencé à pénaliser "l’outrage sexiste". Il est donc interdit d’imposer à une personne des sifflements, des insultes en tout genre, ainsi que des commentaires dégradants ou humiliants.
Le mercredi 1er août 2018, le projet de loi est adopté. Dans le sillage de l’affaire Weinstein et de #metoo, l’un des objectifs du texte était de créer une contravention contre le harcèlement de rue, ou "outrage sexiste", se définissant ainsi : "imposer à une personne tout propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit créé à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante".
Ce mutisme intolérable a donné lieu à la création des hashtag MeToo et BalanceTonPorc afin que les victimes d’agression verbale ou physique puissent s’exprimer et révéler au grand jour ce qu’elles ont cachées pendant plusieurs années. En effet, avec l’affaire Weinstein, les artistes américains ont dévoilé le côté sombre de cet homme pourtant incontournable dans le monde de cinéma.
En plein affaire Weinstein, en octobre 2017, l'actrice Alyssa Milano relance le hashtag #MeToo créé dix ans plus tôt par Tarana Burke, une militante féministe américaine; afin de libérer la parole des victimes d'agressions et de harcèlement sexuels. Ce hashtag a pris une dimension virale sur les réseaux sociaux. La version francophone de ce mouvement est #balancetonporc, et appelle également à s'exprimer et témoigner de sa mauvaise expérience face au sexisme quotidien et au harcèlement de rue ainsi qu'aux agressions sexuelles.
Le 13 octobre 2017, la journaliste française Sandra Muller avait accusé sur Twitter l’ancien patron d’Equidia de harcèlement sexuel. Sandra Muller, ayant créé le mot-clé #Balancetonporc dans le sillage du scandale Weinstein en 2017, a été jugée pour diffamation à Paris. Le 13 octobre 2017, la journaliste de la Lettre de l’audiovisuel tweetait le message suivant : "#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement (sic) sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends". Plusieurs femmes et plusieurs hommes ne se s'empêchent pas de penser que les victimes ont tendance à exagérer en mélangeant le harcèlement avec la gentillesse ou la courtoisie.
Cependant, il faut savoir que le harcèlement débute lorsque la principale concernée dit "non" à celui qui souhaite poursuivre une discussion, quelque que soit la nature de cette relation. Lorsque le harceleur persiste malgré la clarification de cette dernière, cela peut avoir de graves conséquences.
Ainsi, la gentillesse se différencie du harcèlement car il n'y a aucune intention derrière. La courtoisie qui n'est accompagné d'aucun mot irrévérencieux ne peut être considérée comme du harcèlement, mais dans le cas contraire, le harceleur, pour se défendre peut rétorquer qu'il n'a rien dit de grossier et que la femme concernée a dû mal comprendre.
Nous avons demandé à des hommes et des femmes de tout âge de nous livrer leur opinion sur ce sujet qui fait l’actualité du moment.
Réponse d’Antoine, 25 ans
"Même avant cette affaire les femmes étaient déjà devenues distantes. Un geste d'attention, de courtoisie ou juste de la curiosité pouvait les braquer. Sans cette affaire; c'est la création de badoo et tinder qui ont détruit la drague.
Certaines femmes confondent la gentillesse et le harcèlement oui, tout comme certains hommes".
Réponse de Issam, 25 ans
"Oui, on peut très bien draguer après cette affaire, mais je pense qu’il faut draguer d'une façon plus subtile par crainte que la femme prenne cela pour du harcèlement parce que, oui, certaines confondent gentillesse et harcèlement mais dans certains cas, elles se basent sur le physique de l'autre ou sur sa situation sociale pour décider si c'est de la courtoisie ou du harcèlement. Il suffit de voir comment elles changent de réaction face au type qui les drague. Après, quelques hommes aussi confondent la courtoisie et le harcèlement, c'est un problème assez profond et social à vrai dire".
Réponse de Farid, 43 ans
"Non je ne pense pas, se faire draguer est complètement différent d'un attouchement sexuel. L'insistance change tout, puisque si nous continuons après un refus, cela peut devenir alarmant".
Réponse de Hamida, 18 ans
"Je pense qu'il est toujours possible de draguer après l'affaire Weinstein car il y a différentes manières d’approcher une femme, parfois, un compliment ne peut pas faire de mal. Mais, à cause de tous ces harceleurs qui nous tannent à longueur de journée ainsi que les frotteurs du métro, je peux affirmer que non les femmes ne confondent pas gentillesse avec drague car elle savent bien faire la différence"!
Réponse d’Iris, 21 ans
"Bien sûr que l’on pourra toujours continuer à draguer, ce n’est pas parce qu’il y a eu cette histoire que nous n’avons plus le droit d’aller vers des personnes qui nous plaisent. Puis, ce n’est pas une histoire de confondre courtoisie et harcèlement, car nous n'avons pas tous la même définition ni la même limite. La vraie question est : est-ce que le harcèlement c’est selon le ressenti de la victime ou les intentions de la personne qui commet potentiellement des gestes de harcèlement ? Je trouve que c’est assez problématique. Si on prend une même situation et une personne qui ne se sentira pas harcelée, et on peut en avoir une autre pour qui ça sera beaucoup trop et elle vivra cette histoire très mal. On devrait toujours pouvoir draguer, mais il faut toujours garder à l’esprit que de toute façon, que ce qui te parais acceptable ne l’est pas forcement aux yeux de l’autre. Je pense qu’il y a un gros problème d’incompréhension pour chacun de ce qu’est le harcèlement, qu’il soit moral, physique ou sexuel. Mon avis est qu’il faut se dire que quoique tu
comptes faire, cela peut déranger la personne visée, ça nous permettra d’être plus respectueux. Je pense aussi parfois que les mecs en boite, sont des "emmerdeurs" mais je ne ressens pas ça comme du harcèlement sexuel".
Réponse de Graciela, 76 ans
"La drague est violente parce que les hommes vont droit au but. La gentillesse et la courtoisie sont de bonnes manières pour approcher les femmes. La drague est une chose que je ne valide pas.
Oui certaines femmes confondent la gentillesse avec le harcèlement car elles sont un peu rigides ou intransigeantes par tout ce qui s’est dit depuis Il faut savoir aussi qu’un compliment n'est pas forcément une drague". Réponse de Stéphanie, 42 ans Je me fais souvent aborder dans la rue, ce qui a fini par me rendre agressive et froide. On me parle pour un rien, que ce soit pour de la drague lourde ou pour des tentatives d'approches avec des arrières pensées. La semaine dernière, un tout jeune garçon s'est touché la partie génitale en me regardant, il avait à peine 22 ans! J'ai vite appelé le service de plainte mais il avait eu le temps de s'échapper. Réponse de I. (Souhaiterait rester anonyme) Depuis mon adolescence, je me fais embêter dans la rue, on m'a déjà suivi et insulté, cela m'a prouvé que le style vestimentaire n'y était pour rien, contrairement à ce que pensent les gens. Parfois, j'ai peur de mettre le pied dehors, je me dis que ce sera un nouveau parcours du combattant face à ces obsédés. Malgré cette mauvaise expérience, j'encourage les femmes à se vêtir comme elles le souhaitent car rien ne justifie les agressions et le harcèlement de rue. Pour ma part, je ne suis jamais retournée me changer à cause des regards indiscrets et les commentaires désobligeants, tout simplement parce que je m'habille pour moi, et changer mes habits voudraient dire que je leur donne raison. Lydia, 24 ans Je dois dire que la capitale française ne met pas les femmes en confiance, je me suis toujours sentie en insécurité ici. Avec cet été qui semble très chaud, je ne pense pas que je mettrai des jupes et des robes courtes car je ne veux pas arrêter le regard de ces détraqués. Une fois je portais une jolie robe courte et j'avais l'impression d'être un objet sexuel. Dans certains arrondissements de Paris, il est impossible pour une femme de circuler librement. Le président Macron l’avait promis en début de mandat, la cause des femmes devait être une priorité. Mais nul n’ignore que les promesses, surtout celles des politiciens, sont rarement tenues et n’engagent que ceux qui y croient… Dans ce changement...